LE GÉOBIOLOGUE FACE AUX FORTES CHALEURS 1/2

Au cours du mois de juin 2022 de fortes chaleurs se sont abattues sur la France métropolitaine, jusqu’à avoir une période caniculaire en milieu de mois. Le samedi 18 juin pas moins de 150 records de températures ont été battus, jusqu’à 43° dans les Landes. La chaleur n’avait jamais été aussi importante depuis les premiers relevés de température réalisés en 1855. C’est la première fois qu’il fait aussi chaud aussi tôt dans l’année. Ces périodes de fortes chaleurs sont appelées à se reproduire de plus en plus souvent dans les années à venir, toujours plus extrêmes d’après les climatologues. D’où l’intérêt de bien comprendre l’impact que cela peut avoir sur les interventions de géobiologie.

 

Ces périodes de fortes chaleurs et de canicules sont bien connues des anciens. Confrontés régulièrement à ces situations, ils avaient trouvé le moyen de les localiser dans le calendrier. Pour cela, ils utilisaient un indicateur spatiotemporel annonçant le moment de l’année où les températures sont plus élevées qu’à l’ordinaire. Ce repère cosmique, astrométérologique, c’est la constellation Canis Major, « Le Grand Chien », qui inclut l’étoile la plus brillante du ciel éclairant le cosmos d’un blanc bleuté. Cette étoile est appelée Canis Maioris, plus connue sous le nom latin de Sirius, du grec Seirios, « ardent, brûlant ». Car, il y a plus de deux milles ans Sirius apparaissait en été à l’horizon est en même temps que le Soleil, au solstice d’été. C’est pour cela que cette étoile a été appelée Seirios. Plus tard, après les Grecs, les Romains conservent l’association du chien et des fortes chaleurs à ce moment de l’année, ce qui est encore le cas aujourd’hui, bien que cette conjonction ne soit plus d’actualité.

Sirius est aussi la principale étoile de Canis Major. Cette constellation est mentionnée pour la première fois par Homère (928 av. J.-C.), poète grec, dans L’Iliade (22, 65). L’image qu’il en donne est déjà néfaste : « On croirait voir l’éclat de l’astre de l’été, dont la claire lueur brille au cœur de la nuit dans le ciel constellé, c’est le chien d’Orion, astre resplendissant, mais de sinistre augure, car aux pauvres humains il apporte les fièvres ».

 

De nos jours, les météorologues parlent de plume, de vague et même de dôme de chaleur, pour évoquer une situation de températures anormalement élevées. Tout ce jargon plus ou moins poétique informe d’une augmentation significative des températures ambiantes pour lesquelles bien souvent l’être humain n’est pas préparé. De nombreuses professions sont affectées par des températures anormalement hautes, proches de la température corporelle ou même la dépassant de plus en plus fréquemment, ce qui empêche toute transpiration permettant de réguler la température du corps. Ces records de chaleurs et ces périodes caniculaires ne sont pas sans conséquence sur les interventions de géobiologie, qu’elles soient en extérieur sur un terrain ou à l’intérieur d’une construction.

 

Il est possible de retrouver dans la littérature latine une publication datée vers 330, de Firmicus Maternus (314 – 360), écrivain, astrologue, astronome et poète latin. Son ouvrage est intitulé Mathesis du grec mathisis (μ α ́ θ η σ ι ς) signifiant « action d’apprendre et de s’instruire ». Il écrit : « La canicule, que les Grecs nomment Sirion, se lève dans la première partie du Lion. Ceux qui naissent à son lever, se portent avec une sorte de fureur à toutes espèces de crimes (…) De plus si des étoiles malveillantes éclairent ce lieu, et que la Lune le voie aussi avec Saturne, ils sont chasseurs gladiateurs, et combattent dans les amphithéâtres (…) ». (Tome III, livre VIII, p. 219),

 

Maternus reprend dans son texte l’idée d’Homère sur Sirius et la constellation du Grand Chien. Cependant, il va au-delà de la simple idée de fièvre en parlant de violence.

Dans le but d’éviter ces funestes présages, au moment de la canicule, les romains sacrifiaient un chien roux, animal préféré de la constellation.

 

Il est intéressant de noter qu’à l’autre bout du monde, à une période inconnue, un proverbe chinois dit ceci « Par la canicule il n’y a pas de grands hommes ».

 

Le mot Canicule, du latin canicula, « petite chienne », diminutif dérivé de canis, « petit chien », apparaît dans la langue française au XVIe siècle. Il s’agit d’une autre façon de désigner l’étoile Sirius, le chien d’Orion. L’emploi de ce nom désigne dans le langage populaire une période de grande chaleur pendant laquelle cette étoile apparaissait à l’horizon en même temps que le soleil, au moment du solstice d’été, le 21 juin, dans l’Égypte antique. Par l’effet de la précession des équinoxes, suite à un décalage de plusieurs semaines, aujourd’hui Canis Major culmine dans le ciel diurne du 22 juillet au 23 août, dans l’hémisphère boréal (nord). Malgré ce décalage, de pratiquement un mois, tout le monde continue de parler de canicule, en cette période de fortes chaleurs.

L’être humain est un homéotherme qui s’adapte à l’environnement,

notamment grâce à l’hypothalamus qui contrôle des sécrétions hormonales et le système nerveux végétatif. Dans son ensemble, pour bien fonctionner d’un point de vue métabolique et musculaire, la température intérieure du corps ne doit pas être trop supérieure à 37 °C. Elle peut varier entre 36,5 et 37,5 °C en fonction des personnes, des périodes de l’année, des moments de la journée, de l’activité, de l’alimentation et des boissons, mais aussi des émotions et du niveau de stress. Il est fréquent que le géobiologue augmente sa température corporelle lorsqu’il réalise une intervention. Il peut aller jusqu’à transpirer dans certaines recherches biosensibles intenses, surtout lorsqu’elles durent longtemps comme sur un grand terrain.

 

L’élévation de la température corporelles et les dépassements trop importants, au-delà de 37,5 °C., sont conséquents pour le géobiologue parce que cela fragilise son organisme. Or le géobiologue sollicite ce dernier chaque fois qu’il fait appel à sa perception biosensible pour détecter la présence par exemple d’une veine d’eau souterraine ou une faille géologique. Pour effectuer ce travail, le géobiologue doit être en pleine possession de ses moyens. Ce qui n’est pas le cas lorsqu’il souffre de la chaleur. D’une manière générale cette météosensibilité à la chaleur caniculaire va croissante en fonction de l’âge, ce qui doit être pris en considération. D’autres paramètres constituent une fragilité à la chaleur comme les antécédents médicaux et la prise de certains médicaments, ce qui peut contraindre des géobiologues à consulter les prévisions météorologiques avant de programmer une intervention.

En 1882, Camille Flammarion (1842-1925), astronome français, publie Les Étoiles et les curiosités du ciel. Il écrit, parlant de Sirius représentant les grandes chaleurs de l’été : « Mais au commencement de notre ère, il (l’apparition héliaque de Sirius) arrivait en juillet, au milieu des grandes chaleurs et des maladies qu’elles entraînent. De là, cette constellation fut accusée de maligne influence ; comme on peut le voir dans Sophocle et, dans cent autres auteurs moins anciens, elle donna la fièvre aux hommes et la rage aux chiens ». La position de l’astronome français est dans la droite lignée des auteurs anciens. Il continue ainsi d’entretenir dans l’esprit des gens une histoire datant de plus de deux mille ans, dans laquelle Sirius et sa constellation Le Grand Chien sont associés aux fortes chaleurs.

 

Dans le cadre de l’exercice de sa profession, le géobiologue peut être exposé à deux types de facteurs de risques :

  1. a) Le premier est le coup de soleil qui touche localement une partie du corps. Il peut apparaître après une exposition d’environ 40 minutes aux rayonnements du soleil dont la température est au-dessus de 30 à 35 °C. La conséquence est une brûlure plus ou moins grave. Il semble que celle-ci n’affecte pas la perception biosensible du géobiologue au moment où elle se produit, ne remettant pas en cause les résultats obtenus.

 

  1. b) Le second est l’insolation et le coup de chaleur qui concernent l’ensemble du corps. Ce risque a une incidence immédiate sur le travail du géobiologue.

L’insolation correspond à une irradiation solaire sur la tête. Dans ce cas, le géobiologue peut avoir une sensation de fatigue générale et des céphalées, rendant son travail relativement difficile et moins fiable.

Le coup de chaleur est l’élévation importante de la température ambiante et de celle du corps. Cette condition météorologique s’aggrave lorsqu’il y a une concordance avec une forte et rapide baisse de pression atmosphérique avec souvent l’arrivée d’un temps orageux. Cette concordance est la plus dommageable pour l’organisme qui est soumis à un stress météorologique d’autant plus préjudiciable pour le géobiologue qu’elle altère plusieurs fonctions physiologiques, pouvant réduire considérablement sa perception biosensible.

 

L’insolation et le coup de chaleur sont des accidents que le géobiologue doit prendre au sérieux d’autant plus qu’il est âgé, migraineux, diabétique, qu’il souffre d’hypertension et autres maladies cardiaques. S’il est épileptique l’exposition au soleil et aux fortes chaleurs accentue de possibles déclenchements de crises. Dans tous les cas cités ci-dessus et dans le moindre doute, le géobiologue doit demander l’avis de son médecin traitant. Celui-ci est essentiel pour la conduite à tenir en période de fortes chaleurs.

 

De plus, l’exposition directe au soleil n’est pas nécessaire pour avoir un coup de chaleur. Il peut survenir à l’intérieur d’un logement, surtout si celui-ci se trouve en hauteur dans un immeuble, et plus encore en centre-ville, où la température est plus élevée qu’en milieu rural.

Le mois prochain il sera essentiellement abordé l’aspect psychologique des fortes chaleurs sur le comportement du géobiologue et de son client.

 

Pour citer cet article : Olifirenko Bernard, “Le géobiologue face aux fortes chaleurs”, site internet http: /argemaformation.com/le-geobiologue-face-aux-fortes-chaleurs/, le 25 juin 2022.

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