Emotions et respiration Méthode Buteyco

 

Pour bien comprendre la pratique respiratoire à laquelle nous vous invitons, il faut nous détourner d’une pratique sensée guérir telle ou telle affection.
En fait, c’est le cas pour une bonne pratique alimentaire, une bonne hygiène de vie et comme le faisait remarquer un certain Maurice Mességué, c’est la Nature qui guérit et non la méthode utilisée.

Emotions et respiration

La colère est associée à des inspirations superficielles, des expirations fortes et des tensions dans tout le corps, surtout au niveau du cou, de la mâchoire, de la poitrine et des mains.
La peur se perçoit par des respirations rapides, superficielles et irrégulières et à la sensation d’un nœud au bas de l’abdomen.
La peine et le chagrin s’expriment par une forme de respiration superficielle, spasmodique comme un sanglot, avec sensation de creux au ventre.
L’impatience donne des respirations courtes, saccadées, mal coordonnées et des tensions sur le devant de la poitrine, un cœur qui bat la chamade.
La culpabilité ou le jugement sur soi-même provoque une respiration restreinte, suffocante et un sentiment général de dépression.
L’ennui donne une respiration superficielle, éteinte et des sensations corporelles raréfiées.
Quant à l’amour, la compassion, la bonté et l’émerveillement, ils suscitent une respiration lente, confortable et un sentiment de réceptivité ouverte et pleine d’énergie dans le corps tout entier.

Passons à une application pratique

Pour une belle pratique Buteyko, nous vous invitons à ressentir ce qui se passe en vous par une prise de conscience tout à la fois des impressions d’interaction entre émotions et respiration ainsi que leurs conséquences bonnes ou mauvaises sur votre ressenti général.
Avant toute pratique, il faut se mettre dans une disposition d’esprit calme et nous inviter à une disponibilité et une réceptivité que l’on retrouve dans la méthode Vittoz dont nous avons parlé dans de précédents dossiers….

Rendez-vous dans une pièce tranquille où vous aurez la certitude de ne pas être dérangé pendant au moins trente minutes.

Fermez la porte et mettez une petite pancarte « ne pas déranger. »
Placez une chaise de cuisine confortable et normale au milieu de la pièce avec un coin tourné vers l’avant.
Placez-vous avec les fessiers au bord de la chaise de telle sorte que vous soyez à cheval sur le coin- une jambe sur le devant de la chaise, une autre sur l’un des côtés.
Corrigez votre posture, en redressant les épaules et laissez vos mains tomber par le côté de vos jambes. Cependant, pour que la posture soit correcte, les fessiers doivent dominer les genoux et les pieds pourront s’insérer sous la chaise.
Tenez votre tête droite, regardez vers l’avant, votre bouche doit être fermée et vous devez impérativement respirer par le nez.
D’abord observez-vous en train de respirer sans chercher nullement à modifier la forme que cette respiration présente. Regardez où cette respiration va se loger.
Au niveau de la poitrine ? Au niveau des clavicules ? Mais certainement pas au niveau du ventre !
Faites un appel au calme puis mettez votre paume gauche sur l’abdomen et recouvrez la avec votre droite. Appliquez une légère pression sur l’abdomen juste sous les dernières côtes.
Tournez le regard vers le haut, maintenant placez votre main gauche sur la poitrine et la droite sur l’abdomen. Votre inspiration ne doit se ressentir qu’à ce niveau là, par le gonflement du ventre et il ne devra pas y avoir de mouvement au niveau thoracique.

  • 1) Prenez simplement une inspiration par le nez, en silence, puis expirez par le nez de manière tout aussi silencieuse.
    2) Pincez-vous le nez pour empêcher l’air de pénétrer dans les poumons.
    3) Comptez quelques secondes ( 4 ou 5) avant de ressentir le besoin impérieux de respirer à nouveau.
    4) Au premier besoin absolu de reprendre votre souffle vous risquez de sentir les premiers mouvements involontaires de vos muscles respiratoires. Votre ventre peut être pris de secousses et la zone autour du cou pourra se contracter.
    5) Votre inhalation à la fin de la respiration doit être calme.
    6) Lâcher votre nez et respirez par le nez.

Respirez comme un serpent qui ondule

Afin de vous aider à faire correctement les exercices Buteyko, nous devons vous initier au serpent de la respiration. Les ondulations d’un serpent correspondent au mouvement de la respiration. Le symbolisme du serpent rappelle par ailleurs la philosophie du docteur Burteyko : la respiration est un processus physiologique qui doit être respecté et traité avec une immense sensibilité comme si c’était un être vivant.

La règle des 4 R de la respiration selon Buteyko

1) 1er R : Réduire (prendre moins d’air à chaque inspiration) Le but principal de l’ensemble des exercices respiratoires Buteyko c’est de réduire le débit d’air respiré. C’est cela qui permet au gaz carbonique de retrouver un niveau normal et ce faisant, d’arrêter les spasmes bronchiques en cas d’asthme. ( pour moi ce fut la découverte majeure pour retrouver mon équilibre très perturbé. Partout j’avais lu « respirez profondément » et chaque fois que je le faisais mon état physique et mental s’aggravait car personne actuellement ne nous met en garde du danger de respirations trop profondes) Alors en un premier temps, il vous sera difficile de suivre le deuxième commandement celui de ralentir. C’est le phénomène de réduction accompagné d’une relaxation du diaphragme qui fera qu’insensiblement la respiration va ralentir.

2) 2ième R : Ralentir (pensez à un escargot qui avance donc ne pas dilater les bronches comme on le voit dans les exercices d’éducation physique conduit à la façon des spartiate, mais laisse pénétrer l’air sans effort, sans tension) lentement, lentement, dans une forme de recueillement

3) 3ième R Réguler  (l’inspiration et l’expiration se feront à un rythme régulier et avec un temps de pose qui le sera tout autant)

4) 4ième R : Retenir  (après chaque inspiration maintenir un temps de pause qui se fera en fonction des possibilités de chacun : ce n’est pas une compétition qui consiste à savoir combien de temps on va tenir…) En fait si la reprise de la respiration se traduit par une large inspiration, l’action entreprise au travers de l’exercice sera nulle.

Respirer moins veut-il dire avoir moins d’oxygène ?

En fait, votre toute première réaction sera de penser : si je respire moins et peu profondément et encore plus lentement, je ne serais pas « oxygéné » correctement. Et bien cette conclusion est fausse, totalement fausse.

Quand nous respirons profondément tout en ventilant beaucoup à chaque minute, nous faisons pénétrer 10 à 12 litres d’air et nous en rejetons tout autant.
En quelque sorte, nous prenons « goulument » de l’air sans vraiment « savourer » l’inspiration de chaque particule d’air.
A chaque minute, nous avons seulement besoin de 6 litres d’air, le reste ne sera pas utilisé.

Mais, il est une conclusion autrement plus grave: si le taux d’oxygène reste plutôt constant puisque le corps, s’il a son quota d’oxygène avec 6 litres d’air inspiré, n’en prendra pas plus.  Pourquoi? parce que vous respirerez plus, mais le drame c’est que le taux de dioxyde de carbone se réduit insensiblement dans le sang.

C’est comme cela que s’installe une maladie sournoise et dangereuse : l’hyperventilation.

Cette affection touche 90% des personnes qui vivent dans l’angoisse, le stress, la peur du lendemain.

Cette quantité insuffisante de dioxyde de carbone contracte les artères, la carotide en particulier, celle qui amène le sang au cerveau.

Dans ce cas précisément, peu importe combien d’oxygène parvient aux poumons : cerveau et cœur souffriront d’une pénurie d’oxygène.
Ce manque d’oxygène mettra en action le système nerveux sympathique avec pour conséquence le réflexe de confrontation ou de fuite. C’est alors que nous devenons tendu, irritable et anxieux, réduisant aussi notre capacité à réfléchir clairement et nous plaçant à la merci de pensées et d’images mentales obsessionnelles.

Selon beaucoup de psychologues, l’hyperventilation affecte gravement nos conflits psychologiques et une hyperventilation chronique engendre toujours anxiété, appréhension et peur.

Qu’elle soit superficielle ou profonde, la respiration est nécessaire à la vie, la santé la longévité.

Le phénomène observé par Buteyko, c’est que la respiration profonde, haletante, rapide est à la base de trop nombreuses maladies rencontrées actuellement.
Une respiration profonde est une ennemie, une respiration n’est bonne que si elle est lente et superficielle.
Alors, notre réadaptation respiratoire ne doit pas être une lutte. Au contraire la respiration est un processus vivant, à apprécier et à éduquer comme un bébé.

Pour nous résumer:

 

La méthode Buteyko repose sur les principaux facteurs qui sont :

1) De petites inhalations faisant appel au diaphragme et seulement lui !
2) Des exhalaisons passives et détendues – sans effort appliqué, tous les muscles sont simplement détendus pendant les expirations-
3) Une sensation d’un besoin d’air.
4) Une relaxation complète de tous les muscles du corps.
5) Une posture correcte
6) Un environnement confortable et paisible.
7) Une bonne qualité d’air
8) Un estomac vide
9) Une respiration nasale seulement.

La pause contrôle (PC) : pour évaluer votre condition physique

La méthode Buteyko comprend un autotest simple pour estimer vos niveaux de dioxyde de carbone.

Le Dr. Buteyko a découvert que le niveau de dioxyde de carbone dans vos poumons est associé à votre capacité à retenir votre respiration après une expiration normale. Vous pouvez utiliser un chronomètre ou simplement compter le nombre de secondes par vous-même.

Voici la procédure :

  • S’asseoir bien droit sans croiser les jambes et respirer confortablement et de façon constante.
    • Prendre une petite inspiration silencieuce et expirer par le nez. Après l’expiration, pincer le nez afin d’empêcher l’accès de l’air.
    • Activer le chronomètre et retenir sa respiration jusqu’à sentir un certain besoin de respirer.
    • Lorsque vous ressentez le besoin de respirer, reprenez votre respiration et notez le temps. Le besoin de respirer peut survenir sous la forme de mouvements involontaires de vos muscles respiratoires, votre ventre peut avoir une réaction ou votre gorge peut se contracter.
    • Votre inhalation doit être calme et contrôlée, par le nez. Si vous sentez que vous devez prendre une grande bouffée, vous avez retenu votre respiration trop longtemps.
    Le temps que vous avez mesuré est appelé la « pause de contrôle » ou PC et il reflète la tolérance de votre corps au dioxyde de carbone. Les temps courts de la pause de contrôle sont associés avec une faible tolérance au CO2 et à des niveaux de CO2 chroniquement pauvres.
Voici les critères pour l’évaluation de votre pause de contrôle (PC) :

 PC de 40 à 60 secondes : indique une respiration normale et saine et une excellente endurance physique.
• PC de 20 à 40 secondes : indique une légère déficience respiratoire, une tolérance modérée à l’exercice physique et un potentiel pour des problèmes de santé à l’avenir (la plupart des gens entrent dans cette catégorie).
• PC de 10 à 20 secondes : indique une déficience significative respiratoire et une tolérance faible à l’exercice physique; l’entraînement à la respiration nasale et des modifications du mode de vie sont recommandés (les domaines potentiels sont une mauvaise alimentation, le surpoids, l’excès de stress, l’excès d’alcool, etc.).
• PC en dessous de 10 secondes : Une déficience respiratoire grave, une tolérance très faible à l’exercice physique et des problèmes chroniques de santé.

Pour résumer, plus votre PC est courte, plus vous vous sentirez facilement essoufflé. Si votre PC est en dessous de 20 secondes, n’ouvrez jamais la bouche pendant les exercices car votre respiration est trop instable. Ceci est particulièrement important si vous souffrez d’asthme.

En guise de conclusion

Un livre fondamental est écrit par un ancien asthmatique et il donne beaucoup de détails que vous êtes à même d’approfondir il s’agit de :
buteykoclinic.com/wp-content/uploads/2016/08/French.pdf

  • Le but final de la rééducation de la respiration Buteyko est aussi de vivre plus paisiblement par une forme de sobriété heureuse y compris sur le plan respiratoire.
  • Pendant des années, votre corps s’est habitué à vivre avec un taux de dioxyde de carbone bas et les constances biologiques ont du s’y adapter. Ainsi, les exercices doivent être pratiqués avec régularité et sont comme un forme « d’ascèse respiratoire », mais n’est-ce pas la même condition que nous trouvons lorsque nous devons pratiquer un sport, une discipline comme l’aïkido, le judo ou le taï chi chuan ?
  • Les personnes qui obtiennent de rapides résultats sont parfois celles qui au fil du temps les voient s’estomper car elles ne les font plus avec la même régularité et se laissent entraîner dans un monde de pure folie où tous nous devons vivre à cent à l’heure !
  • Un exemple pour lutter vraiment contre l’anxiété et les attaques de panique, ou encore si vous vous sentez très stressé et que votre esprit est au galop : Inspirez et expirez doucement par le nez ; bouchez-vous le nez cinq secondes pour retenir votre respiration puis relâchez pour la reprendre. Respirez normalement pendant 10 secondes. Répétez la séquence. Petite inspiration et petite expiration par le nez, retenez votre souffle pendant cinq secondes, puis soufflez et respirez normalement pendant 10 secondes. Cette pratique aide à retenir doucement et à accumuler du dioxyde de carbone ce qui permet de respirer plus calmement et réduit l’anxiété. En d’autres termes, le besoin de respirer diminuera à mesure que vous vous sentirez plus détendu.
  • La méthode Buteyko s’appuie sur le principe que votre survie nécessite de la nourriture, de l’eau et de l’air. Naturellement, la qualité de chacun de ces éléments est extrêmement importante, mais pour ce qui touche à l’air, peu de gens s’imaginent que la quantité d’air qu’ils respirent peut avoir un impact profond sur leur santé.

De nombreuses traditions culturelles voient dans la respiration une manifestation directe de l’esprit. La science occidentale rejette toute notion d’énergie subtile et pourtant c’est elle qui nous « anime » et nous la recevons en l’inspirant « d’en haut ».
Des termes comme « prana » en Inde, « pneuma »en Grèce, Lung au Tibet, Num dans les tribus de Kalahari, baraka pour l’Islam, neyatoneyah chez les Sioux , chi en Chine ne sont que quelques exemples de très nombreuses appellations de cette force transcendante dont nous dépendons.
Une respiration lente, douce, harmonieuse et authentique nous relie consciemment à cette force vitale.

D’après de nombreuses recherches, les ions négatifs, infimes particules sont les étincelles de cette énergie qui nous permet de penser, sentir, de nous mouvoir.
Les subtils échanges cellulaires dans les alvéoles pulmonaires vont permettre d’irradier cette énergie si subtile et si délicate qui est ce que l’on nomme le souffle de vie.
Rejetons toute forme grossière de culture physique intense, faisons le choix d’une respiration lente, douce, subtile comme celle des Samouraïs japonais.
Le souffle de vie est calme et discret, il n’y a ni profond soupir d’énervement, ni halètement de l’angoisse tourmentée. Le souffle de vie est un souffle discret d’une Paix Profonde.

Roland Reymondier
Conseiller en produits de nutrition