On peut se soigner de la maladie de Lyme- Laura Arnal

Pétillante jeune quarantenaire, Laura Arnal a pourtant vécu l’enfer et échappé à la mort à cause… d’une tique de laquelle elle a contracté la maladie de Lyme. Elle témoigne dans un livre des huit ans de calvaire qu’elle a vécu. Souffrance liée à la maladie, mais aussi liée à l’errance thérapeutique puisqu’il lui aura fallu consulter plus de 70 médecins pour enfin savoir de quoi elle souffrait.

François Lehn Alternative santé n°71. Vous avez supporté tant d’épreuves à cause de la maladie de Lyme… Comment vous portez-vous maintenant ?

Laura Arnal. Je vais mieux, merci. Techniquement, je suis à 95 % de retour à la normale. Je suis ­toujours des traitements. La maladie a duré six ans, et m’a contrainte à prendre beaucoup de ­médicaments qui, en plus de la maladie, ont eu l’effet inverse et m’ont énormément affaibli. Je peux dire maintenant que j’ai une vie presque normale. J’ai encore quelques symptômes gênants. Par exemple, je suis encore un peu essoufflée, j’ai des douleurs au tibia, au niveau de la cage thoracique et quelques maux de tête. Mais ce sont de petits symptômes au regard de ce que j’ai traversé. La maladie de Lyme m’est arrivée à l’âge de 35 ans. Les ­symptômes se sont développés pendant trois ans. Aujourd’hui, je me sens bien plus jeune qu’à cet âge-là.

Dans votre livre, vous racontez votre long et pénible parcours. Vous souffriez de multiples symptômes qui ont rendu le diagnostic difficile pour les médecins. La maladie s’est installée et a peu à peu détruit votre vie.

Ce qui est terrible avec la maladie de Lyme, c’est qu’elle touche tout le corps. La maladie rentre dans le sang et s’immisce partout. Mes principaux symptômes changeaient tout le temps : crampes au mollet, tachycardie, douleurs articulaires, etc. Je me souviens que j’avais mal partout et tout le temps. Le fait de mettre simplement les mains sur le volant de la voiture était un véritable supplice, me tenir assise était pénible. La maladie a peu à peu touché la mémoire. J’ai perdu la notion de temps, je n’avais plus la perception du jour, du moment de la journée. Je mettais des Post-it partout dans la maison pour ne pas oublier d’accomplir les tâches quotidiennes indispensables : rendez-vous, passer prendre les enfants… Et le pire, c’est que je me rendais compte que je perdais la mémoire. J’avais plus de 40 symptômes et l’impression d’avoir 90 ans.

Vous me parliez de ma rencontre avec les médecins. J’en ai vu plus de 70… Mais que voulez-vous, quand vous arrivez avec autant de symptômes en consultation, on peut à peine en décrire cinq ou six. Pour un médecin généraliste, les causes de ces maux peuvent être multiples. C’était très compliqué rien que pour le diagnostic. De plus, même si le médecin avait posé la question de savoir si j’avais été piqué par une tique, j’aurais répondu que non. Dans mon cas, j’ai certainement été piquée par une nymphe (tique de très petite taille, ndlr) que je n’ai pas vue.

Alors comment avez-vous mis un nom sur votre maladie ?

Par chance, au détour de mes nombreuses consultations. Je suis allée voir un médecin allemand qui utilise une méthode de biorésonance magnétique, très courante ici en Allemagne, où je vis. Cette méthode m’a aidé à être diagnostiquée de la maladie de Lyme. Il a utilisé un petit outil de magnétiseur et m’a posé plusieurs questions : quels étaient mes symptômes, dans quels pays j’avais voyagé, etc. Le problème avec les médecins, en France comme en Allemagne, c’est leur manque de formation sur la ­maladie de Lyme chronique. C’est une maladie qui n’est pas assez ­reconnue.

Vous avez eu recours aux médecines alternatives dans votre parcours. Est-ce que cela vous a aidé plus que la médecine classique ?

Dans mon parcours, j’ai été amené à chercher dans toutes les directions. Il y a eu du bon et du moins bon avec les médecines parallèles. Le moins bon : certains ostéopathes m’ont fait plus de mal que de bien. Le meilleur a été une rencontre avec ce coupeur de feu qui m’a beaucoup soulagé d’un zona sur le visage. Par rapport aux médecins traditionnels, tous ces thérapeutes avaient en revanche une meilleure qualité d’écoute. Ils prenaient le temps de ­comprendre ce qui se passait dans le corps pour essayer de mieux ­soigner. Les mots des médecins peuvent être très blessants. L’un d’entre eux m’a un jour lancé : « Maintenant arrêtez de vous plaindre, vous aurez toujours vos maux ». J’ai été vexé, car je sentais que ce médecin, comme tant d’autres, ne me faisait pas confiance. J’ai dû chercher un médecin capable de m’écouter. Petite satisfaction : quand finalement j’ai trouvé le bon traitement, mon médecin de famille est venu s’excuser : « Je ne savais pas », m’a-t-il avoué.

Vous dites que c’est vous qui avez trouvé le bon traitement… non un médecin ?

Oui, comme mes résultats de tests sanguins officiels étaient tous négatifs, j’ai dû chercher moi-même une solution et partir aux États-Unis car je ne trouvais pas d’autre issue en Europe. C’est ­scandaleux de devoir partir aux États-Unis alors qu’on a un super système de santé en Europe. Et j’en sais quelque chose puisque j’ai parcouru la France, l’Allemagne ou encore la Belgique à la recherche d’un médecin. Le traitement qui m’a fait revivre consiste dans la prise d’antibiotiques et d’antiparasitaires. En plus, je suis le protocole Buhner. C’est un herboriste américain qui l’a élaboré. Le protocole permet de traiter la maladie de Lyme et les co-infections, de désintoxiquer le corps et de rendre le système immunitaire autonome. Il est encouragé par les médecins américains. Il est combinable avec un traitement par antibiotiques qui, il faut être honnête, rend très malade.

La situation est si différente entre les États-Unis et l’Europe ?

Incontestablement. L’approche américaine est positive. Les Américains cherchent des solutions sans se mettre de barrières. En France, ça avance, et ça recule tout autant. Début juillet, des centres de référence pour la prise en charge des maladies vectorielles à tiques ont été désignés en France, mais ces centres ne veulent prendre parti dans la controverse sur les formes persistantes de la maladie. Il n’y a pas de budgets alloués à la recherche sur cette maladie et sa forme chronique. Et dans le même temps, il y a eu à Paris, le 3 juillet, un rassemblement Tous ensemble contre Lyme, place des Invalides avec des parlementaires. On essaie de faire avancer les choses. Mon cri de guerre : les médecins n’ont pas été formés à la faculté de médecine à la forme chronique de Lyme. Il y a des formes de maladie qui persistent mais qui n’ont rien à voir avec la maladie telle qu’elle est décrite dans les livres de médecine. De plus, nous avons un vrai problème avec les tests. On ne sait pas qui est malade et qui ne l’est pas. Ce que je souhaite faire passer comme message aux médecins, c’est qu’il faut nous examiner comme un pédiatre examine un enfant.

À propos d’enfants, vous mentionniez les vôtres ainsi que la gestion de la vie quotidienne avec la maladie. Comment votre famille et votre entourage ont-ils réagi en vous voyant sombrer sans savoir trop dans quoi ?

J’ai eu une chance dingue. Mon mari s’est posé beaucoup de questions parce que je devenais un poids. Mais il m’a fait confiance. Les médecins disaient que je n’avais rien de spécial. Pour les enfants, ça a été dur. Ma fille avait 8 ans et à l’école, je n’étais jamais là. La grande avait 13 ou 14 ans et elle a eu un peu peur. Mais je restais positive avec eux. Dans mon livre, je veux montrer l’importance de l’accompagnement de l’entourage, car c’est une maladie qui ne se voit pas. Elle est incompréhensible et elle dure longtemps. En comparaison, une chimio cela se voit, Lyme ne se voit pas. Il arrive un moment où l’entourage ne pose plus de question. On n’appelle plus ses amis tellement on est mal. C’est difficile de le dire au travail, on n’a pas envie de le dire d’ailleurs et de risquer d’être prise pour une folle. Beaucoup de malades que j’ai rencontrés vivent dans un isolement forcé, perdent leur famille, leur mari ou leur femme. Pour moi, au final, ma famille, l’entourage a été presque une médecine douce.

Votre livre est un formidable message d’espoir pour les patients atteints de Lyme. Comment pourriez-vous le résumer en quelques mots ?

Oui. Je veux donner un message d’espoir car on peut être soigné de la maladie de Lyme, on peut aller mieux en France. Ce qui m’a sauvé, ce sont des médicaments simples que l’on peut trouver au coin de la rue. Ils ont des effets secondaires, mais c’est la seule solution et depuis que j’ai trouvé ce remède, la vie est belle. C’est l’objectif de mon livre que de témoigner de mon parcours et de le partager avec les autres. Au moins, j’aurais aidé certains à aller mieux et à se sortir de cette terrible maladie. J’anime un blog et je réponds aux questions. Il y a encore tant à faire, mais ensemble, nous pouvons aller beaucoup plus loin.

À propos de Laura Arnal :

Laura est une mère de deux enfants qui a eu la malchance de se faire mordre par une tique en 2009, à l’âge de 35 ans. Aujourd’hui, dix ans plus tard, elle a retrouvé son énergie, sa vie de famille et un travail au prix d’un extraordinaire combat contre la maladie. Difficulté à trouver un médecin qui trouve ce qu’elle a et surtout un traitement. Elle a dû faire le tour de l’Europe pour finalement s’envoler vers les États-Unis pour trouver enfin un traitement qui la ramène dans le monde des vivants.

En savoir plus :

  • Laura Arnal est l’auteure avec Charlotte Guttinger de J’ai surmonté la maladie de Lyme, préfacé par le Pr Christian Perronne, aux éditions Odile Jacob, 240 p., 19,90 €.
  • Infos et tuyaux sur la maladie de Lyme et les maladies liées aux piqûres de tiques sur le blog de Laura Arnal : https://lymetime.eu