L’humain devient ce qu’il habite

 

Ce titre peut paraître énigmatique, pourtant, il est le reflet d’une réalité implacable : la psychologie de l’habitat. En effet, les personnes vivant dans un lieu finissent par se conformer à ce que le lieu impose dans ses libertés et ses contraintes. L’imprégnation se fait chaque jour davantage de manières plus ou moins inconscientes, insensiblement mais inlassablement à l’image des saisons sur la nature.

Habiter en milieu urbain, au cœur d’une grande ville, ou en milieu rural voire en pleine campagne éloignée de tout ; habiter dans un appartement ou une maison individuelle de plain-pied ou à étage, avec ou sans clôture autour du terrain ; habiter une maison familiale dans laquelle la personne a grandi, gravé ses souvenirs, ou une maison neuve dans laquelle le passé n’existe pas ; habiter une maison de caractère ou pas ; etc.
Tout cela n’est pas sans incidence sur l’état d’esprit, la psychologie, le comportement et le devenir de la personnalité de l’occupant. Chaque jour d’avantage, le fait de vivre dans un certain milieu, dans un environnement plutôt qu’un autre fini par modeler la personnalité, lui donner une manière d’être, de penser, de se comporter, de vivre. Le rapport à l’autre, aux choses, à la nature, à l’environnement, se façonne en fonction de l’endroit dans lequel la personne vie. Les fragilités et les maladies dépendent aussi du lieu de vie. C’est pour cela que la science a inventé le concept d’exposome et a reconnu le phénomène d’épigénétique.
Bien sûr chacun à sa propre personnalité, son caractère, sa philosophie de vie, et autre, mais tout cela est modelable dans des limites plus ou moins importantes en fonction des individus.
Plus que la société en elle-même, ou toute autre chose, le lieu reste le maître du jeu pour modeler, forger, l’humain. Le lieu est incontournable. L’humain ne peut pas vivre ailleurs que dans un lieu. Il ne peut pas s’en extraire physiquement. Il en est totalement dépendant. Il convient de ne pas perdre de vue qu’un être humain ne doit pas s’intégrer dans un lieu, ou un pays, mais venir s’inscrire dans son histoire. Cette différence est fondamentale. Il en est de même pour qu’une habitation participe à l’harmonie du lieu qui l’accueille.
Le lieu est l’athanor ( four philosophique) de l’être humain, l’habitation le creuset, les deux contribuent à sa rectification puis à sa transmutation. C’est dans cet esprit que l’urbaniste, l’architecte, le paysagiste, le politique et le géobiologue doivent être les garants d’une parfaite réalisation !
Bernard OLIFIRENKO
Géobiologue,
Saint-Ferréol, le 09 janvier 2021