Les nombreux bienfaits du curcuma

Le curcuma est une épice aux multiples vertus préventives comme curatives. Excellent pour la digestion, le curcuma a aussi la capacité de diminuer les inflammations, prévenir le cancer et protéger le cerveau de la maladie d’Alzheimer.


La première fois que j’ai préparé un curry, je dois vous le confesser, c’était à peine mangeable. Heureusement, j’ai depuis perfectionné mes talents culinaires. Pourtant, il arrive encore que j’essuie des refus : on me dit que c’est un plat exotique, plutôt épicé, et donc certainement mauvais pour la santé…

Et bien, détrompez-vous ! Le principal ingrédient du curry, celui qui lui donne cette couleur jaune orangé si particulière, est excellent pour la santé. Il s’agit du curcuma, une racine dont l’Inde est la principale productrice.

Non seulement elle est utilisée en teinture pour donner un jaune vif magnifique, mais surtout, elle est utilisée depuis des millénaires par la médecine indienne, dite ayurvédique.

Or le curcuma suscite aujourd’hui l’intérêt des chercheurs. Pour ses propriétés digestives, bien sûr, mais aussi pour sa capacité à diminuer les inflammations, prévenir le cancer et protéger le cerveau de la maladie d’Alzheimer.

Un exotisme rentré dans les mœurs

Si le curcuma peut paraître exotique à bon nombre d’entre nous, il est pourtant connu des médecins français depuis très longtemps.

Ainsi on le retrouve dans nos traités médicaux dès le XVIIe siècle. Employé contre les affections de la peau et des yeux, il avait aussi la réputation d’ouvrir l’appétit, de soigner la rate, le foie, de dissoudre les calculs rénaux et de parer aux dysfonctionnements urinaires.

Ces utilisations se retrouvent au XIXe siècle chez les médecins Cazin, Leclerc et Parturier, et encore aujourd’hui, l’organisation européenne de phytothérapie, l’ESCOP, le recommande contre les maux digestifs.

De nombreuses études phytothérapeutiques

Ces derniers temps, le curcuma est, comme le safran qu’il remplace souvent, au centre de nombre d’études phytothérapeutiques. En particulier la curcumine, l’un de ses composants principaux, qui pourrait grandement contribuer à la prévention des cancers.

Cela s’explique par la capacité de cette molécule à lutter contre le stress oxydatif – responsable de la dégénérescence cellulaire – mais aussi contre l’inflammation qui, lorsqu’elle est chronique, entraîne des dysfonctionnements immunitaires et métaboliques en chaîne. Deux situations qui sont étroitement liées à l’apparition et au développement des tumeurs.

Ces vertus préventives fonctionneraient ainsi contre nombre de cancers, notamment contre ceux de la sphère ORL, du poumon et du sein. Il aurait aussi un effet résolument bénéfique dans la réduction de la néoplasie intra-épithéliale, un état précancéreux de la prostate.

Toutefois, ces propriétés peuvent aussi vous servir si vous n’êtes pas gravement malade : parce qu’elle est antioxydante, la curcumine permet de prévenir le vieillissement cellulaire. D’autre part, de récentes études montrent qu’un traitement à base de curcumine conduirait à une amélioration des symptômes en cas de polyarthrite inflammatoire et à une diminution des inflammations postopératoires.

Chimios boostées ou inhibées

C’est un fait, la curcumine ne fait pas que prévenir le cancer, elle permet aussi de lutter contre lui. En Chine, on l’emploie par exemple pour traiter les premières phases du cancer du col de l’utérus, ce qui fait l’objet de plusieurs études convergentes.

Elle aurait également un effet positif contre le cancer de la peau, notamment par un rétrécissement des lésions cancéreuses externes, mais aussi contre la polypose recto-colique familiale, les métastases hépatiques, et surtout le très répandu cancer colorectal.

Comme le note Bérengère Arnal-Morvan, gynécologue et spécialiste du cancer du sein, le curcuma a un effet particulier sur les chimiothérapies. Par prudence, il vaut mieux éviter d’en prendre deux jours avant et après le traitement. Surtout s’il implique certaines molécules (camptothécine, doxorubicine, méchloréthamine, cyclophosphamide et vincristine) dont il inhibe en partie les effets.

Au contraire, si votre traitement inclut certains autres médicaments chimiothérapeutiques (gemcitabine, paclitaxel, docétaxel et oxaliplatine), non seulement le curcuma en potentialise les effets, mais en plus, il en améliore la tolérance, explique la spécialiste.

Le curcuma pour un cerveau en pleine forme

Le curcuma est donc plein de ressources, et l’une d’elles, moins connue, consiste à contribuer à la lutte contre le diabète, avant tout en faisant baisser la glycémie. Mais en plus, des études sur les animaux ont montré qu’il retardait l’apparition et la progression de la cataracte due au diabètechez les sujets testés.

Ceux qui mangent du curry auront ressenti un certain éveil des sens, surtout s’il est épicé ! Il se trouve que la curcumine est incontestablement bonne pour les capacités intellectuelles et qu’elle ferait un remède de premier ordre contre la maladie d’Alzheimer. Cette dégénérescence des facultés intellectuelles est marquée par l’inflammation neuronale et l’agrégation cérébrale de plaques amyloïdes, un ensemble de protéines gênant la transmission des informations dans le cerveau.

Or la curcumine accroît notre capacité d’élimination de la bêta-amyloïde et réduit également les fibrilles qui sont caractéristiques de la maladie d’Alzheimer. Ainsi, non seulement la curcumine nous permet de prévenir cette pathologie, mais elle permettrait aussi de contenir le processus une fois qu’il est apparu.

La consommation de curcuma pourrait-elle en partie expliquer pourquoi la prévalence de la maladie d’Alzheimer chez les adultes de 70-79 ans en Inde est 4,4 fois inférieure à celle des personnes du même âge aux États-Unis ?

La parade indienne pour mieux l’assimiler

Oui, la cuisine indienne est particulièrement riche, ce qui décourage certains d’en manger. Et pourtant, si les Indiens s’en nourrissent quotidiennement, c’est qu’ils ont des parades, et le curcuma n’est pas la moindre.

Déjà, il est très nutritif ! Condiment consommé frais en Asie du Sud-Est ou séché et pulvérisé en Inde, il contient des fibres et aussi beaucoup de vitamines : C, E, K, B1, B2, B3, B6 et B9. Mais pas de vitamine B12. Très riche en sels minéraux, en manganèse et en fer, il constitue également un très bon apport en potassium, calcium, magnesium, cuivre et zinc.

Cependant, ces qualités nutritionnelles sont les moindres de ses avantages… Ainsi, le curcuma favorise le processus digestif, régule la flore intestinale, atténue les risques de gastrites et d’ulcères, protège le foie, améliore la digestion des corps gras et des sucres et augmente la sécrétion de bile. Il est dès lors particulièrement recommandé en cas de difficultés digestives, de colite, de coliques, de prise d’antibiotiques irritants, de brûlures d’estomac, de gaz et de ballonnements. Et il aide aussi à faire baisser le mauvais cholestérol.

Une de ses propriétés recherchées est sa capacité à lutter contre une bactérie pathogène appelée Helicobacter pylori, qui vit dans l’estomac et s’y rend responsable de l’ulcère gastroduodénal. Les dernières études en attestent.

En outre, il serait également efficace pour combattre les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, notamment d’origine auto-immune : le syndrome du côlon irritable, mais aussi la proctite ulcéreuse, la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique.

Nous vous en avons déjà parlé : ce que les intestins ne filtrent pas, c’est la peau qui s’en charge. Ne vous étonnez donc pas que les vertus digestives du curcuma contribuent aussi à vous débarrasser de l’eczéma, de l’acné, mais aussi du psoriasis et de ses démangeaisons si déplaisantes.

Du poivre pour optimiser… avec un mais

Seul bémol : parsemer sa nourriture de curcuma, ou en prendre une cuillerée par-ci par-là, ne suffit pas pour pleinement profiter de ses vertus thérapeutiques. En effet, notre intestin peine à capter les molécules de curcumine, trop volumineuses et trop facilement éliminées par notre métabolisme. De sorte que notre santé n’en profite guère.

Les Indiens ont trouvé une parade avec le poivre, et plus spécifiquement le poivre long, l’un des secrets d’un bon curry. La pipérine que contient le poivre permet ainsi de décupler notre capacité à profiter des vertus du curcuma. C’est ce que l’on appelle sa biodisponibilité.

Mais attention ! La pipérine n’offre pas une biodisponibilité optimale, et surtout, elle augmente l’absorption d’autres molécules par notre intestin : celles des métaux lourds, mais aussi et surtout celles des médicaments, dont elle fausse les dosages.

Soyez donc prudent avec le duo curcumine + poivre si vous êtes sous traitement médicamenteux. Pour éviter ces déconvenues, des compléments alimentaires comme celui-ci par exemple  ont été créés pour garantir une meilleure absorption du curcuma, sans ces inconvénients.

Quelques recettes… et quelques précautions

Je me suis souvent demandé pourquoi le curry, qui est certes excellent, a eu un succès tel que la recette s’est disséminée de l’Inde jusqu’au Japon. La réponse tient peut-être aux vertus du curcuma.

Donc si vous n’êtes pas malade et que vous voulez en profiter à titre de thérapie douce pour ses effets préventifs, vous pouvez en prendre à raison d’une cuillère maximum par jour, avec du poivre, bien sûr.

Vous pouvez ainsi vous concocter quelques recettes en l’ajoutant comme ingrédient. Mais là encore, faites attention ! Les taches laissées par le curcuma, produit de teinture encore utilisé comme tel aujourd’hui, ne partent pas facilement !

Pour la décoction, mettez deux cuillerées à café de racine concassée dans un bol et faites bouillir 3 minutes, puis infusez 10 minutes. Prenez-en à raison de 2 à 3 bols par jour, et vous profiterez de ses bienfaits.

Si ce sont plutôt ses effets dermatologiques qui vous intéressent, délayez une cuillère à café dans un peu d’eau et appliquez-la sous forme de cataplasme 3 fois par jour. Toutefois, d’un point de vue purement esthétique, nous vous déconseillons de vous en mettre sur le visage…

N’oubliez pas non plus que le curcuma, remède solide et utilisé de longue date, réclame quelques précautions. Ainsi, il est déconseillé à haute dose en cas de calculs biliaires, de grossesse ou de prise d’anticoagulants.

par Gary Laski Plante & Santé 2016