« Les maladies sont des crises guérisseuses », Irène Grosjean

 

  • Née dans les Vosges en 1930, Irène Grosjean est docteur en naturopathie. Depuis 1958, elle reçoit en consultations et anime des stages de cuisine vivante chez elle, en Provence, mais aussi au Maroc, en Grèce et en Belgique.
  • Née dans les Vosges en 1930, Irène Grosjean est docteur en naturopathie. Depuis 1958, elle reçoit en consultations et anime des stages de cuisine vivante chez elle, en Provence, mais aussi au Maroc, en Grèce et en Belgique.

À 87 ans, Irène Grosjean continue de transmettre avec passion l’enseignement d’Hippocrate : « Que ton aliment soit ton seul médicament ! » À Graveson, en Provence, cette papesse de la naturopathie partage avec nous son point de vue sur ce que nous appelons « maladies ».

Alternative Santé. Dans vos stages et vidéos, vous invitez à repenser une « philosophie de la santé ». Comment reliez-vous l’une à l’autre ?

Irène Grosjean. Le froid est l’absence de chaleur : on ne combat pas le froid, on apporte de la chaleur. De la même manière, on ne combat pas la maladie, on refait la santé et la maladie disparaît. Il n’y a pas à combattre la maladie. Sous l’influence de la peur, on peut être tenté de mettre un terme à cet épisode pénible, mais la lutte est un comportement de guerre, qui ne peut faire que de nouvelles victimes. Il faut comprendre pourquoi l’organisme souffre. Ce que nous nommons « maladies », les vieux Japonais les appelaient « crises guérisseuses ». Le corps appelle au secours pour se libérer de ce qui l’encombre. Dès lors, la véritable médecine est de l’aider à se nettoyer.

La diète et le jeûne contribuent-ils à ce nettoyage ?

Oui, comme le font spontanément les animaux sauvages qui, contrairement à nous, ont gardé l’intelligence universelle. Le corps ne peut pas à la fois éliminer profondément et digérer. La digestion occupe environ 50 % de notre énergie, il n’en reste donc pas suffisamment pour faire grand-chose d’autre, encore moins pour éliminer nos déchets.

Pourquoi prenez-vous exemple sur les animaux sauvages ?

Parce que nous avons exactement le même système digestif que celui des grands singes. Les gorilles, les chimpanzés et les orangs-outans ont des intestins très longs et des reins très faibles, leurs guenons ont des règles et portent leur petit durant neuf mois. On ne peut pas être plus proches ! Et de quoi se nourrissent-ils ? De cueillette. À l’origine, l’homme était cueilleur. Pour des raisons que nous ignorons, à partir du moment où il s’est mis à chasser, il a cuit ses aliments.

La cuisson des aliments est-elle notre problème essentiel ?

Notre péché originel, oui ! Quand on cuit des aliments, ils perdent leur énergie. Automatiquement, il va falloir compenser avec des excitants. Avec les sucres lents, il y aura du café ou du thé, et avec la viande, de l’alcool. Nous avons créé de quoi compenser ce que notre corps ne trouve plus par l’alimentation cuite. Or, lorsque nous mangeons des aliments qui ne sont pas faits pour notre corps, notre système digestif ne peut pas les digérer totalement. Cela laisse des résidus toxiques dans les liquides interstitiels, que les anciens appelaient les « humeurs ». Chaque fois que notre corps veut rétablir son équilibre, il tente d’expulser ces résidus. Cela lui demande énormément d’énergie. On ressent alors de la fatigue, voire de la douleur si c’est de l’acide urique produit par les viandes et les produits laitiers, ou de la gêne si ce sont des viscosités et des glaires produites par tous les sucres lents.

Vous alertez en particulier sur les dangers des excitants…

Un jour, alors que j’étais à la banque, mon banquier me demande : « Madame Grosjean, que pensez-vous du café ? » Je lui ai répondu : « Et vous, que pensez-vous des chèques sans provision ? » Les molécules dopantes du café ou du thé ne font que pomper l’énergie qu’ils semblent nous donner. À force d’épuiser les réserves, le compte est à découvert, et c’est la dépression. Idem avec l’alcool, après la fête vient toujours la défaite.

D’où viennent nos maladies ?

Elles sont les conséquences des résidus de notre alimentation. Nous sommes toutes et tous porteurs de déchets mal évacués tout au long de notre vie. Quand il y a trop de résidus dans les humeurs, ils pénètrent dans les cellules. Alors soit ils déprogramment le cerveau, ce qui ouvre la voie aux cancers ; soit ils le sclérosent, et cela crée un diabète ; soit il le paralyse, et cela donne Parkinson ; soit il le déconnecte, et l’on tombe dans les folies meurtrières et les suicides. Quand j’étais enfant, ces derniers étaient rares. Aujourd’hui, ils touchent de plus en plus de gens, de plus en plus jeunes.

Les résidus dans la cellule seraient-ils le point de départ de nos problèmes de santé ?

Oui, ils incrustent la maladie. Résultat, les pathologies sont de plus en plus complexes à soigner et le dictionnaire des affections ne cesse de s’agrandir. On a créé des vaccins et vacciné tous les enfants pour qu’ils ne tombent pas malades, ce qui est antinaturel, car lorsqu’on est malade, c’est que le corps évacue. Si ce n’est pas possible, le corps stocke ses résidus dans les humeurs, enfermant la maladie profondément. Et plus les cellules baignent dans un milieu empoisonné, plus elles sont en demande du produit qui les empoisonne. Donc on ne fait que s’intoxiquer un peu plus.

Comment détecter ces traces résiduelles intoxicantes ?

Tournez la tête de droite à gauche : vous entendez ces petits bruits de cailloux ? Ce sont des cristaux d’acides uriques, stockés sous forme de minuscules sels. Dès lors que le corps a un brin d’énergie supplémentaire – qui peut être celle du printemps, des pollens, du soleil –, il va en profiter pour les expulser en les faisant fondre. En fondant, l’acide brûlera les émergences nerveuses, mais cette combustion crée des douleurs, souvent au niveau articulaire. Ainsi, chaque fois qu’on a mal quelque part, c’est que le corps essaie d’expulser le petit dépotoir stocké à cet endroit. On peut l’aider en faisant travailler les reins, en favorisant la transpiration. Ou en coupant notre système sensitif.

Ce qui revient à ne plus rien sentir ?

Le vivant est fait d’ondes, tout est ondes, on le sait maintenant. Les animaux savent les capter : quand il y a un danger, ils se sauvent. Quant à l’individu, plus il est empoisonné, plus ses humeurs sont toxiques, plus il est en fréquence basse. Le cerveau est composé de cellules qui sont à la fois capteurs et émetteurs. Lorsqu’elles fonctionnent bien, elles nous relient à l’intelligence universelle. Mais nous avons perdu cette guidance cosmique et l’avons remplacée par l’intellect. Un être en parfaite santé a un corps solide, la joie de vivre, des idées claires et créatives, de l’énergie pour les réaliser. Avec ça, il a tout ce qu’il lui faut.

Quels maux vous rapportent les gens que vous recevez en consultation et en stage ?

Il y en a vraiment de toutes sortes. Chaque personne est un cas unique, et les systèmes immunitaires ne se ressemblent pas. Mais je ne soigne pas les pathologies, j’aide les individus. Si la plupart rencontrent des problèmes émotionnels et physiques, la constipation est la première pathologie. Hier, j’ai vu une femme qui n’est pas allée aux toilettes depuis trente-huit jours ! D’ailleurs, à l’heure actuelle, quantité de bébés ne vont à la selle qu’une fois tous les trois jours à cause du lait dit « maternisé » que l’on a vendu aux femmes pour nourrir leur enfant.

Quels sont vos conseils pour retrouver une alimentation favorisant la santé ?

Notre nourriture de base, ce sont les végétaux crusLes fruits sont l’essence du moteur, ils apportent l’énergie ainsi que le vrai sucre. Les légumesassurent l’entretien de la carrosserie, car les minéraux alimentent le système physiologique. Par « vrai sucre », j’entends celui issu de fruits ayant puisé de l’énergie dans l’air, la terre, l’eau et le soleil pour pousser, pas du sucre blanc raffiné. Souvenez-vous, surtout, que l’âme est faite pour aimer, pour choisir : les fruits et les légumes que nous aimons le plus sont ceux dont nous avons le plus besoin. Donc ne nous posons pas trop de questions, faisons comme les animaux sauvages, mangeons ce qui nous fait le plus de bien et évitons les mélanges, aucun animal ne se fait de soupe !

Aternative santé n°60