Des effets avérés ou supposés
Les champs électromagnétiques peuvent avoir des conséquences sur la santé des salariés exposés. Leurs effets sur l’organisme peuvent être directs : échauffement des tissus biologiques, stimulation du système nerveux, troubles visuels… Ils peuvent être indirects, en provoquant des blessures ou en aggravant une situation de travail dangereuse : projection d’objets ferromagnétiques, déclenchement d’une explosion ou d’un incendie… Le point sur les effets connus et sur ce qui reste à démontrer.
Pour une très large gamme d’intensités, les champs électromagnétiques peuvent avoir des effets, directs ou indirects, sur la plupart des systèmes physiologiques. Ils peuvent également perturber le fonctionnement des implants médicaux actifs comme les pacemakers. La survenue de tels effets à court terme est réduite par le respect des valeurs limites et des bonnes pratiques de prévention.
La directive européenne 2013/35/UE du 26 juin 2013 concernant les prescriptions minimales de sécurité et de santé relatives à l’exposition des travailleurs aux risques dus aux champs électromagnétiques donne des valeurs seuils en fonction des effets sur la santé.
Effets directs des champs statiques, électriques ou magnétiques
Les champs électriques statiques peuvent provoquer des réactions cutanées. En effet, ils induisent au niveau de la peau des personnes exposées une modification de la répartition des charges électriques. Cette modification est perceptible surtout au niveau des poils et des cheveux (seuil de perception : 10 kV/m, seuil de sensations désagréables : 25 kV/m).
Les champs magnétiques statiques peuvent être à l’origine :
– d’une modification de l’électrocardiogramme (ECG),
– d’effets sensoriels (nausées, vertiges, goût métallique, perception de taches lumineuses) en cas d’exposition à un champ magnétique statique de très grande intensité (supérieur à 2 T).
Effets directs dus aux courants induits
Ces effets sont fonction de la densité de courant induit dans l’organisme humain (produit du champ électrique interne et de la conductivité du corps humain). L’unité de cette densité de courant induit est l’ampère par mètre carré (A/m2).
Effets dus aux courants induits en fonction de leur densité (valeur efficace en mA/m2)
- Inférieure à 10 : pas d’effet connu sur la santé
- De 10 à 100 : effets visuels et nerveux, soudure des os
- De 100 à 1 000 : stimulation des tissus excitables
- Supérieure à 1 000 : fibrillation
Valeurs exprimées en milliampères par mètre carré (mA/m2)
Cancérogénicité
Sur la base de plusieurs études épidémiologiques mettant en évidence un risque accru de leucémie chez des enfants vivant à proximité de lignes à haute tension, le CIRC a classé les champs électromagnétiques basse fréquence (inférieur à 100 kHz) comme « peut-être cancérogènes pour l’homme » (groupe 2B).
En 2011, le CIRC a également classé les champs électromagnétiques de radiofréquences comme « peut-être cancérogènes pour l’homme » (groupe 2B). Ce classement a été établi à suite à quelques études épidémiologiques, sur la base d’un risque accru de gliome (un type de cancer malin du cerveau) associé à l’utilisation de téléphone sans fil.
À ce jour, il n’a pas été possible d’établir un lien de causalité entre les expositions incriminées et l’apparition de leucémies.
De manière générale, les études sont, à ce jour, insuffisantes pour conclure définitivement sur le caractère cancérogène ou non des champs électromagnétiques basse fréquence.
Troubles visuels
Des personnes soumises à un champ magnétique variable (autour d’une fréquence de 20 Hz et au-dessus d’un seuil d’intensité de 10 mT) ressentent parfois des troubles visuels, caractérisés par la perception de taches lumineuses appelées magnétophosphènes.
Hyperthermie due aux champs haute fréquence
Lors de l’exposition à un champ haute fréquence (supérieur à 100 kHz), l’énergie absorbée par les tissus biologiques peut entraîner une augmentation de la température du corps entier (hyperthermie) ou d’une région. Cependant, le corps humain est capable, jusqu’à un certain point, de lutter contre cet échauffement par la thermorégulation.
L’exposition accidentelle à de fortes puissances peut entraîner des brûlures superficielles ou profondes.
Effet auditif dû aux impulsions hautes fréquences
Certaines personnes peuvent percevoir un effet auditif, spécifiques aux ondes pulsées hautes fréquences (de 0,3 à 6,5 GHz). Cette sensation est souvent décrite comme un « clic ». Les radarssont les principales sources susceptibles de générer cet effet.
Hypersensibilité électromagnétique et symptômes non spécifiques
Quel que soit le type de champ électromagnétique, certaines personnes se plaignent de symptômes non spécifiques tels qu’asthénie physique ou musculaire voire douleurs musculaires, fatigue, pertes de mémoire ou apathie contrastant avec une irritabilité anormale, troubles du sommeil, maux de tête, vertiges, malaise… L’inquiétude vis-à-vis de ce risque peut elle-même induire des effets sans rapport avec le risque réel.
Pour ces symptômes, non spécifiques et réversibles, il est difficile de préciser le rôle de l’exposition aux champs électromagnétiques, qu’elle soit environnementale ou professionnelle.
L’Homme ne réagit pas de manière uniforme lorsqu’il est exposé à un champ électromagnétique. Il est établi qu’une exposition de courte durée à des champs électromagnétiques très intenses peut être dangereuse pour la santé. Les craintes qui se manifestent concernent surtout les éventuels effets à long terme que pourrait avoir une exposition à des champs électromagnétiques d’intensité inférieure au seuil d’apparition de réactions biologiques aiguës.
Par exemple, les utilisateurs de téléphones portables sont exposés à des champs dont l’intensité est beaucoup plus élevée que dans l’environnement normal. Toutefois, il n’a pas été démontré que l’intensité de ces champs, si élevée qu’elle soit, produise un effet sanitaire. De nombreuses incertitudes scientifiques demeurent et il est recommandé d’avoir une utilisation raisonnable et maîtrisée du téléphone mobile.
Effets indirects
Les champs électromagnétiques peuvent être à l’origine d’effets indirects susceptibles de provoquer des dommages sur l’homme, d’être à l’origine d’un incident ou d’un accident, ou d’aggraver une situation de travail dangereuse.
Il peut s’agir :
- du déclenchement d’une explosion ou d’un incendie du fait d’un arc électrique,
- d’un dysfonctionnement de systèmes comprenant de l’électronique.
Les effets indirects spécifiques aux basses fréquences sont dus aux courants de contact lorsqu’une personne et des objets métalliques se trouvant dans le champ rentrent en contact. Les effets apparaissent à partir de certains seuils dépendant de leur fréquence.
L’ensemble des effets indirects de l’exposition aux champs électromagnétiques est précisément décrit dans le guide pratique INRS « Exposition des travailleurs aux risques dus aux champs électromagnétiques. Guide d’évaluation des risques » (ED 6136 / chapitre 2).
Effets sur les implants médicaux
Les implants passifs (broches ou plaques par exemple), lorsqu’ils contiennent des matériaux ferromagnétiques, peuvent être parcourus par des courants induits à l’origine d’échauffement des tissus en contact avec l’implant. Sous l’effet de champs magnétiques statiques intenses, le risque est alors le déplacement de l’implant par attraction.
Les implants actifs (stimulateur cardiaque, défibrillateur, stimulateurs neurologiques, valves neurologiques, prothèses auditives, pompes à insuline) peuvent subir des dysfonctionnements électriques et/ou électroniques (déprogrammation, reprogrammation, arrêt, stimulation ou inhibition inappropriés).
Effets sur la grossesse
Les risques pour la grossesse liés à une exposition aux champs électromagnétiques sont présentés dans la brochure INRS « Grossesse et champs électromagnétiques » (ED 4216). Il apparaît de façon générale que l’exposition aux champs électromagnétiques aux niveaux les plus fréquemment rencontrés ne semble pas accroître le risque d’avortement spontané, de malformations ou de faiblepoids de naissance.
Mais la perception d’un risque peut elle-même induire des effets non directement liés à la cause. C’est pourquoi, en lien avec le médecin du travail, il peut être préférable dans le cadre d’une politique de prudence et dans l’attente d’une meilleure connaissance scientifique de conseiller d’écarter unesalariée enceinte des postes de travail exposés.