Conseils de spécialistes pour traverser l’hiver sans tomber malade, ou presque.
Je m’habille multicouche
* le Pr San Marco, auteur de canicule et froid hivernal, comment se protéger? Recommande de multiplier les épaisseurs : « l’air est un excellent isolant thermique si on le maintient entre deux couches de vêtements ». Il protège mieux qu’une puissante et unique protection. De plus une parka super chaude portée seule sur un vêtement léger ne permet pas d’adapter son habillage en fonction des lieux. Ce qui est important car, à défaut, c’est le corps qui essaie de s’adapter: cela puise-même si l’on est en bonne santé et facilite la survenue d’infections virales. On veille aussi à éviter les à-coups thermiques répétés, également fatigants, par exemple quand on sort d’un lieu trop chauffé. C’est pour quoi la température intérieure doit rester « confort », à 19 – 20 °C.
Je protège mes doigts sensibles
Sujet aux engelures? « Inutile que le thermomètre descende au-dessous de 0 °C, ce problème survient lors d’un froid peu intense et humide, notamment chez les femmes jeunes ayant des troubles circulatoires et une « paresse » de petits vaisseaux, qui se contractent mal aux extrémités, indique le Pr Marie-Aleth Richard, présidente de la société française de dermatologie. Les doigts deviennent bleus et s’émaillent de plaques violettes sensibles, voire douloureuses. Pour en venir à bout, le médecin prescrit une crème à la cortisone. Mais mieux vaut prévenir que guérir… Par temps à risque, on hydrate bien ses mains, on mise sur des moufles les doigts en contact gardent mieux la chaleur et on évite les vêtements serrés, qui ralentissent la circulation sanguine. Autre souci lié au froid ou au passage du chaud et froid: un ou plusieurs doigts deviennent blancs et insensibles, puis, quand ils se réchauffent, ils virent d’abord au bleu, ensuite au rouge, avec des picotements douloureux. « Si ces symptômes se répètent, cela évoque un syndrome de Raynaud, une pathologie qui touche 10 % des Français: les artères se contractent de façon excessive aux extrémités. Le médecin recherche une éventuelle affection sous-jacente (anomalies vasculaires, maladie auto-immune, comme la sclérodermie), mais, la plupart du temps, il n’y a pas de cause spécifique. Il faut protéger ses mains du froid et, si besoin, se faire prescrire des médicaments qui dilatent les vaisseaux.
Je n’oublie pas ma tête
La couvrir est primordial puisque 30 % des pertes de chaleur, voire plus, passent par elle! Alors, on dégaine un bonnet bien chaud, à même de couvrir crâne et oreilles a fortiori si on est un homme atteint de calvitie, car, par temps froid, les chauves font davantage d’accidents cardiaques. Quant aux femmes qui veulent préserver leurs coiffures, elles doivent se munir d’un grand châle ou d’une étole, à enrouler plusieurs fois autour de leur tête.
Je prends mes précautions en cas d’allergie
« Chez les asthmatiques, l’air froid, surtout sec, est irritant pour les voies respiratoires : il peut déclencher des crises de toux ou des mini-crises d’asthme. Outre l’écharpe de rigueur, le médecin peut recommander l’usage d’un broncho-dilatateur avant de sortir. En tout cas, au-dessous 0 °C, il convient d’oublier le sports type jogging ». Quant à l’eczéma atopique, il s’aggrave nettement en hiver, car le froid agresse la peau sèche; la parade: s’hydrater davantage avec une crème émolliente. Et renoncer au chauffage excessif, qui accentue aussi le problème. Plus rarement, le froid déclenche de l’urticaire avec ses plaques rouges accompagnées de démangeaisons. Dans ce cas, un traitement antihistaminique s’impose. Dr Sophie Silcret-Grieu, allergologue.
Je veille sur mon cœur
Le nombre d’accidents cardio-vasculaires augmente en hiver. Un danger consécutif à la baisse du thermomètre, mais aussi aux variations de température d’un jour sur l’autre, en sachant que le vent décuple la sensation de froid et ses méfaits. « Cet impact du temps sur le risque cardio-vasculaire relève de plusieurs mécanismes, explique le Pr Claire Mounier-Vehier, cardiologue au CHRU de Lille. Ne serait-ce que matcher dans le froid demande un effort important, un peu comme si on courait un 100 mètres. De plus, exposé à des températures négatives, le cœur bat plus vite: il augmente sa consommation d’oxygène, les vaisseaux se contractent, ce qui favorise la coagulation du sang et sa plus grande viscosité d’autant qu’on se déshydrate plus rapidement par temps froid. Chez les sujets à risque d’hypertension, antécédents d’infarctus, port de stent, maladie des valves, angine de poitrine, insuffisance cardiaque, cela provoque une embolie pulmonaire, un infarctus ou un accident vasculaire cérébral. Sans compter que la contraction des artères coronaires peut également entraîner une rupture des plaques d’athérome-amas graisseux qui les encrassent et aboutir au même résultat ». À savoir, quand on utilise de la trinitrine sous forme de spray pour calmer des douleurs de poitrine, il faut le faire assis, jamais debout, car cela fait tomber la tension artérielle. À la clé, un risque de malaise et de chute. D’autre part, en hiver, la tension est un peu plus élevée. En cas d’hypertension, il est conseillé de la surveiller plus souvent avec son appareil d’auto-mesure. Si elle est déséquilibrée, il peut être nécessaire que le médecin réajuste le traitement.
Je tiens compte du poids des ans
Les personnes âgées de plus de 70 ans doivent également tout comme les sujets à risque prendre des précautions pour leur cœur, car, avec le vieillissement, l’organisme s’adapte moins bien aux variations de température: « il faut faire en sorte de ne pas sortir trop, d’autant plus lors d’un froid sec avec du soleil et de la pollution aggravante et éviter les efforts brutaux: porter ses courses, déneiger sa voiture, grimper une pente, poursuit le Pr Mounier-Vehier. Par ailleurs, il faut être attentif aux moindres symptômes sensation d’oppression, gêne à l’effort, vertiges, palpitations et consulter sans tarder s’ils se manifestent
J’évite de respirer… l’air glacé!
Frimas et infections respiratoires vont de pair. Pas seulement parce que rester confiné dans des lieux clos favorise la propagation des virus d’une personne à l’autre d’où le conseil d’aérer. Mais parce que le froid lui-même intervient. Comment? En abaissant la température des muqueuses qui tapissent le nez sous la barre des 37 °C, il désoriente, voire bloque, le système immunitaire local. Résultat, les rhinovirus responsables du rhume se multiplient plus vite. À contrario, des muqueuses à 37 °C permettent à deux mécanismes de défense de l’ensemble des voies respiratoires d’être optimaux. Comme viennent de le démonter des scientifique américains, à cette » bonne » température, d’une part les cellules infectées meurent plus vite, ce qui empêche la réplication virale, d’autre part l’activité de l’enzyme RNase L, chargée de dégrader les virus, est meilleur. Par conséquent, verrouillons du mieux possible les portes d’entrée de l’air froid! Pour cela, vive l’écharpe, qui doit couvrir non seulement le cou, mais aussi la bouche et le nez : « la porter ainsi crée un sas respiratoire qui permet à une partie de l’air chaud expiré par les poumons de se mêler à l’air extérieur glacé, ce qui forme un mélange attiédi moins agressif pour le nez, la gorge et les bronches