Dans le récit de la guerre de Troie (L’Illiade et l’Odyssée), Homère (VIIIe siècle av. notre ère) raconte qu’Achille demande aux dieux une sépulture décente pour son ami Patrocle, mort au combat, pour que son esprit errant trouve enfin le repos bien mérité.
Au IIe siècle de notre ère, Tertullien (entre 150 et 160 – vers 220) écrivain et théologien chrétien, traite du droit et des pratiques religieuses des romains. Il aborde le sujet d’après la mort, dans lequel se retrouvent les insepulti. Le mot latin insepulti signifie, « Sans sépulture », il apparaît au Ier siècle av. J.-C., avec Cicéron.
Dans la religion chrétienne, l’insepulti, le mort mal mort est une entité qui n’a pas pu rejoindre le monde de l’au-delà. Elle se retrouve prisonnière de ses angoisses ou de ses illusions terrestres. Ces morts augmentent le nombre d’âmes du purgatoire.
Aujourd’hui encore, la mort d’une personne dont la dépouille n’a jamais été retrouvée : soldat inconnu, catastrophe naturelle, noyé, disparu en mer et en montagne, accident dans des zones non accessibles, etc. empêche les familles et les proches de faire le deuil.
Dans la religion, la tradition populaire, les croyances, la parapsychologie, les spécialistes de phénomènes particuliers (paranormal) et autres, tous ces morts reviennent demander, réclamer des funérailles et un lieu de repos éternel, seul moyen de quitter le monde des limbes, du latin limbus « marge, frange ».
À la fin de la Première Guerre mondiale, le 11 novembre 1918, les Français sont traumatisés au plan national devant l’ampleur du massacre. Pas une seule famille ne fut épargnée. Le travail de deuil national s’est vite révélé impératif. L’État Français se devait faire quelque chose pour rendre hommage aux enfants de la patrie morts pour elle. La France en s’inspirant de l’Angleterre a trouvé le moyen de résoudre ce problème à l’échelle du pays. Pour cela, elle utilise l’Arc de Triomphe, fini de construire en 1836, afin d’y faire reposer le soldat inconnu représentant symboliquement tous les soldats morts pour la France et dont les corps de 400 000 à 700 000 morts n’ont jamais été retrouvés ou identifiés pour être rendu à leur famille.
La première cérémonie se déroule le 11 novembre 1920. La société considère ainsi avoir réglé le problème des insepulti, morts pour la France…..
Bernard OLIFIRENKO
Géobiologue,
Saint-Ferréol, le 11 novembre 2020