Un rapport publié ce mardi par l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, estime que les individus souffrant de l’exposition liée aux ondes électromagnétiques doivent être pris en charge.
Les électrosensibles souffrent et doivent être pris en charge, même s’il n’existe pas aujourd’hui de « preuve » de lien entre ce syndrome controversé et l’exposition aux ondes électromagnétiques, estime un rapport de l’agence sanitaire Anses salué comme une avancée par des associations.
Des dizaines de symptômes
L’existence même de l’électrohypersensibilité (EHS) fait débat entre une communauté médicale sceptique face à une pathologie qui ne se définit que par l’autodéclaration des personnes qui en souffrent et des patients qui mettent en avant des symptômes handicapants.
Maux de tête, troubles du sommeil, nausées, irritabilité, fourmillements dans les doigts ou encore problèmes cutanés: l’Anses répertorie des dizaines de symptômes, plus ou moins courants, que les électrosensibles attribuent à leur exposition aux radiofréquences des téléphones portables, antennes relais et autre wifi.
Une « réalité vécue »
« Il n’existe pas de critères de diagnostic de l’EHS validés à ce jour », note l’Anses dans cet avis publié ce mardi. Mais « quoi qu’il en soit, les plaintes (douleurs, souffrance) formulées par les personnes se déclarant EHS correspondent à une réalité vécue ».
« C’est une avancée. On ne parle plus d’un effet nocebo exclusif », a indiqué le président de l’association Robin des Toits, Pierre-Marie Theveniaud, avant d’avoir pris connaissance de l’intégralité du rapport.
L’effet nocebo, à l’inverse du placebo, est causé par la suggestion ou la crainte que l’exposition à un médicament ou à des facteurs environnementaux est nuisible. L’Anses estime que cet effet « joue certainement un rôle non négligeable dans la persistance de l’EHS », mais qu’il n’exclut pas « une affection organique non identifiée ».
Un lien de causalité?
Les patients se trouvent parfois face à des médecins peu à l’écoute. Le rapport met en avant le « besoin de reconnaissance » exprimé dans les témoignages des patients et leur « désir d’être pris au sérieux » par des médecins qui peuvent privilégier « une approche psychologisante du problème », accompagnée « d’un certain mépris » à l’égard des personnes venant les consulter.
« C’est un pas dans la bonne direction. Il faut maintenant que le lien de causalité soit reconnue », a de son côté estimé Jeanine Le Calvez, vice-présidente de l’association Priartém-Electrosensibles de France.
Un pas que ne franchit pas l’Anses. « Aucune preuve expérimentale solide ne permet actuellement d’établir un lien de causalité entre l’exposition aux champs électromagnétiques et les symptômes décrits par les personnes se déclarant EHS », concluent les experts qui ont examiné l’ensemble de la littérature disponible sur le sujet.
Les études de « provocation », qui soumettent les sujets aux ondes en laboratoire, ne mettent pas en évidence l’apparition de symptômes ni de capacité des électrosensibles à percevoir les champs magnétiques. Le rapport, qui pointe du doigt « les limites méthodologiques » des recherches passées, plaide donc pour de nouvelles études, avec de nouveaux protocoles.
Diminuer l’exposition
Mais pour Pierre-Marie Theveniaud, il faudrait « diminuer les niveaux d’exposition » aux ondes de la population de manière générale.
« Ce qu’on vit à l’heure actuelle n’est rien par rapport à ce qui se prépare, avec la 5G, on va être inondés d’ondes », s’inquiète-t-il, réclamant des études d’impact sanitaire avant le déploiement de la cinquième génération de téléphonie mobile.
Ce n’est pas la première fois que l’Anses se penche sur les effets des radiofréquences. En 2016, elle avait estimé que que les ondes électromagnétiques émises par les téléphones portables, les tablettes tactiles ou les jouets connectés pouvaient avoir des effets sur les fonctions cognitives – mémoire, attention, coordination – des enfants.