Pour l’Anses, la sensibilité aux ondes électromagnétiques doit être prise en charge
Une antenne-relais de téléphonie mobile installée sur le toit d’un immeuble d’habitations, à Marseille. (GERARD JULIEN / AFP)
L’autorité sanitaire plaide pour une meilleure prise en charge des patients qui disent souffrir de symptômes liés à l’exposition aux ondes.
Par L’Obs
Publié le 27 mars 2018 à 08h39
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Les électrosensibles souffrent et doivent être pris en charge, même s’il n’existe pas aujourd’hui de « preuve » de lien entre ce syndrome controversé et l’exposition aux ondes électromagnétiques, estime l’agence sanitaire Anses dans un rapport publié ce mardi 27 mars.
L’existence même de l’électrohypersensibilité (EHS) fait débat entre une communauté médicale sceptique face à une pathologie qui ne se définit que par l’auto-déclaration des personnes qui en souffrent, et des patients qui mettent en avant des symptômes handicapants.
Maux de tête, troubles du sommeil, nausées, irritabilité, fourmillements dans les doigts ou encore problèmes cutanés : l’Anses répertorie des dizaines de symptômes, plus ou moins courants, que les électrosensibles attribuent à leur exposition aux radiofréquences des téléphones portables, antennes relais et autre wifi.
Dans son rapport, l’Anses note :
« Il n’existe pas de critères de diagnostic de l’EHS validées à ce jour. [Mais] quoi qu’il en soit, les plaintes (douleurs, souffrance) formulées par les personnes se déclarant EHS correspondent à une réalité vécue. »
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Pour une « prise en charge adaptée »
« C’est une avancée. On ne parle plus d’un effet nocebo exclusif », a indiqué à l’AFP le président de l’association Robin des toits, Pierre-Marie Theveniaud, avant d’avoir pris connaissance de l’intégralité du rapport. L’effet nocebo, à l’inverse du placebo, est causé par la suggestion ou la crainte que l’exposition à un médicament ou à des facteurs environnementaux est nuisible.
L’Anses estime que cet effet « joue certainement un rôle non négligeable dans la persistance de l’EHS », mais qu’il n’exclut pas « une affection organique non identifiée ».
Au-delà du constat des souffrances, les experts recommandent « une prise en charge adaptée par les acteurs des domaines sanitaire et social » pour des patients qui subissent en plus parfois un « isolement psycho-social » en décidant de changer de mode de vie voire en déménageant dans des zones rurales isolées.
Le rapport met notamment en avant le « besoin de reconnaissance » exprimé dans les témoignages des patients et leur « désir d’être pris au sérieux » par des médecins qui peuvent privilégier « une approche psychologisante du problème », accompagnée « d’un certain mépris » à l’égard des personnes venant les consulter.