La grenouille qui ne savait pas qu’elle était en train de cuire et autre leçons de vie

« La grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite … et autres leçons de vie« 

Derrière ce titre intrigant, un livre court et brillant de Olivier Clerc, rassemblant sept fables, comme autant de bijoux de sagesse.

En commençant par l’image connue de la grenouille : plongée dans une eau trop chaude, elle aura le réflexe d’en sortir avec énergie; en revanche dans une eau tempérée qui chauffe doucement, elle ne s’affolera à aucun moment, faute de « choc » précis, jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
Cette fable cruelle invite chacun de nous à se demander dans quelle mesure, autour de lui, il n’en vient pas à accepter des choses inacceptables, simplement parce qu’elles sont devenues inacceptables très progressivement.

J’avais lu et apprécié ce livre à sa profonde valeur (en notant au passage son format micro, quasiment imprimé sur papier à cigarettes, conçu pour être emporté s’il le faut dans un tour du monde à cloche-pied !). Je suis retombé dessus récemment, pour y trouver encore plus d’écho et de résonance avec ma vie !

Entre ce synchronisme et mon passif heureux avec les grenouilles (cf. les illustrations pour le projet Pidapi), je me suis dit que c’était une de ces fois où l’univers tourne admirablement rond … et le crayon m’a démangé !

En plus de la fable de la grenouille, j’ai tenté d’illustrer celle de « L’oeuf, le poussin … et l’omelette : de la coquille au squelette » ainsi que « Le papillon et le cocon: l’aide qui affaiblit, et l’épreuve qui renforce » .

 

Cyber Fragiles. Enquête sur les dangers de nos vies connectées

Thomas Saintourens

Des centaines de milliers de cyberattaques quotidiennes dans le monde. Plus un jour sans qu une affaire de vol de données, de site piraté ou d arnaque en ligne ne défraye la chronique. Cette enquête inédite et captivante révèle à quel point notre hyperconnexion nous rend vulnérables.

Le risque de piratage nous concerne tous. Ces menaces se nichent sur les réseaux sociaux ou dans nos boîtes mail, elles ciblent nos informations bancaires, les données stratégiques de nos entreprises comme nos données médicales et s infiltrent dans notre ordinateur de bureau, notre tablette tactile, notre smartphone ou notre voiture. Avec le développement des « villes intelligentes » et le succès des objets connectés déjà 25 milliards en circulation sur la planète , elles atteignent désormais notre intimité.

Pour comprendre ces menaces et analyser leur portée, Blaise Mao et Thomas Saintourens ont enquêté auprès de professionnels de la cybersécurité, de hackers, de militants des libertés sur Internet et de responsables politiques. Des failles dans les programmes informatiques les plus usuels jusqu au potentiel de surveillance des États, ce livre nous entraîne dans un récit vertigineux dont nous sommes les protagonistes et démontre à quel point il est nécessaire de reprendre la main sur nos vies numériques.

 

L’homme nu, la dictature invisible du numérique.

Marc Dugain et Christophe Labbé

C’est un tableau bien sombre que dépeignent Marc Dugain et Christophe Labbé dans leur ouvrage techno-critique L’homme nu, la dictature invisible du numérique, paru récemment chez Plon. Étrange rencontre entre un romancier et un journaliste, le bouquin n’en demeure pas moins un essai (de plus) tout ce qu’il y a de plus classique portant sur les dangers que pourrait représenter l’avancée du Léviathan numérique dans nos vies.

Qui craint les grands méchants GAFA, grands méchants GAFA…

L’homme nu offre tout sauf un contenu théorique. Tel un long catalogue de cas concrets où la technologie « déshabille » l’homme de ses facultés cognitives et sociales, on y liste les événements, rachats, accointances entre grandes entreprises de la Silicon Valley, agences de renseignement et gouvernements en quête de moyens de contrôle toujours plus poussés pour fliquer leurs ouailles. Le fond historique est connu : contre le nihilisme terroriste, les grandes puissances impériales doivent tout faire pour conserver leur avance et maintenir un système consumériste associant servitude volontaire et haute technologie dans un « totalitarisme mou » soit-disant facteur de paix. L’objectif sous-jacent : neutraliser le citoyen et ne garder que le consommateur producteur de données sous le prétexte controuvé que cela améliorerait sa petite vie de mouton.

Mais tout n’est pas si simple, les données captées au passage, gracieusement récupérées par les GAFA (Google, Appel, Facebook, Amazon) et autres NATU (Netflix, Airbnb, Tesla et Uber) mettent en danger nos démocraties. La mise en données du monde ouvrirait la porte à toutes les dérives, dans tous les domaines. Nous serions en passe de devenir totalement téléguidés, surveillés malgré nous : à poil.

Ainsi, l’ouvrage opère un véritable 360° sur les controverses numériques du moment : santé, éducation, démocratie, espionnage, justice, sexe, marketing, économie, psychologie, mémoire, intelligence artificielle, transhumanisme… Le tout soutenu par les habituels penseurs de la chose technique tels Jacques EllulEvgeny Morozov ou encore Eric Sadin. Ceux-là se retrouvent confrontés aux excentriques chefs d’entreprises de la Silicon Valley cherchant à déboulonner l’État pour installer ce « gouvernement algorithmique » froidement rationnel et absolument libertarien. A croire que la question numérique opposerait désormais d’égocentriques milliardaires à une poignée d’intellectuels incompris. Une sorte de David contre Goliath à la sauce Big Data.

De toute évidence, Marc Dugain et Christophe Labbé ont consciencieusement lu bon nombre de ces intellectuels qu’ils recrachent ici en un condensé de « ce à quoi il faut être vigilant quand on parle de 0 et de 1». Un essai pour forcer la prise de conscience donc, même si l’on se contente parfois d’effleurer la vérité sans oser brusquer son petit monde (allez, disons-le, les techno-critiques détestent le marketing, le ciblage publicitaire et méprisent ce monde de consommation effrénée, voilà).