La géométrie des mégalithiques

Un mégalithe est comme un instrument de musique dont la caisse de résonance vibre avec le sous-sol et rentre en harmonie avec le cosmos à travers le paysage et l’horizon.

Par petits groupes, ils forment des ensembles. Un dernier acteur entre en scène pour les réunir à la manière d’un chef d’orchestre afin qu’ils puissent jouer de concert : la géométrie.

Ce dernier élément invisible et presque abstrait révèle l’interconnexion des mégalithes entre eux. Cette géométrie à base de figures élémentaires montre la volonté de tisser une trame cohérente à travers une architecture qui enjambe les collines et les vallées.

La pierre plantée : un point d’origine.

Le premier élément qu’il faut signaler en géométrie, son premier composant, c’est le point. Avant lui, il n’y a rien, la feuille est blanche, c’est le néant. Le point constitue le commencement de toute chose à partir duquel un projet peut rayonner.
C’est l’Omphalos, centre du monde chez les Grecs, c’est le totem chez les Indiens ou bien la première pierre que l’on pose symboliquement lorsqu’on construit un bâtiment, le Big Bang ou “singularité initiale” d’où est parti notre univers.

C’est à travers ce point que toute forme va pouvoir s’étendre.

En ponctuant la terre par un menhir, le peuple mégalithique joue déjà cette pièce. La pierre dressée en définissant un repère bien précis dans le paysage s’ancre dans le sol et symbolise par là même l’axe du monde.

Le menhir qui pointe en haut en direction du zénith, dessine l’axe vertical terre-ciel dont nous avons déjà vu les relations à l’œuvre dans un précédent article. À travers l’ombre dessinée au sol, les axes cardinaux apparaissent. Au midi solaire, l’ombre de la pierre, tel un gnomon projeté par le soleil, sera la plus courte, désignera la direction de l’étoile polaire (nord géographique).

Le géobiologue et le point d’ancrage.

Dans les 1970 et 1980, une technique utilisée par certains géobiologues était la “géopuncture”. Elle consistait à planter de longues barres de fer ou de cuivre dans le sol dans les jardins à côté des habitations. Cette méthode d’acupuncture pour la terre est utilisée pour harmoniser le lieu d’habitation avec le vivant en “domptant” les réseaux dit « géodynamiques » ou « géobiologiques ».

Aujourd’hui, cette technique est moins utilisée car elle manque d’efficacité dans le temps : le fer rouille et s’altère dans la terre, et les réseaux géobiologiques bougent.

Pour une intervention qui s’inscrit dans le long terme, on préférera la pierre comme matériaux de ponctuation inaltérable.

L’art de poser une pierre est toujours transmis par les géobiologues. Si des menhirs de plusieurs mètres de haut étaient dressés par le peuple mégalithique pour gérer un grand territoire, le géobiologue du XXIe siècle plantera des pierres plus modestes adaptées aux parcelles des habitations.

Il faut noter que l’effet de la pierre dépendra toujours de la qualité du point choisi.

À partir d’un point, l’histoire commence. Telle une cellule vivante, il peut se dédoubler. Deux points éloignés constituent un segment, ou font partie d’une même droite.
La difficulté sur un site mégalithique est de comprendre si les menhirs et dolmens peuvent être considérés comme des points, et s’il est possible de les relier entre eux.

Parfois, trois, quatre mégalithes voire plus, peuvent se situer sur la même ligne. Il s’agit peut-être d’un hasard fortuit ou bien d’une volonté de construire selon un axe particulier.
Les alignements indiscutables de plusieurs mégalithes ne sont pas si courants.

On pense bien évidemment au site de Carnac où il a pu être mis en évidence des relations entre des axes d’apparition solaire et les lignes formées par plus d’une centaine de menhirs. Mais tout le secret de l’usage de ce dispositif reste encore inconnu.

Des alignements à grande échelle

En Angleterre au début du XXe siècle, des chercheurs ont relevé des alignements sur des grandes distances par des chercheurs dont beaucoup de points étaient constitués de sites mégalithiques.

On peut y voir la volonté de relier ces pierres entre elles pour donner une cohérence à tous ces sites en les réunissant autour de cet élément géométrique : Ce type de ligne a été baptisé Ley Lines par les Anglais.

Les Ley lines ou lignes géodésiqus remarquables (Géores) sont des lignes invisibles mais détectables par la biosensibilité. En géobiologie, on considère qu’elles sont porteuses d’informations entre deux ou plusieurs points plus ou moins éloignés. L’écart entre les points peut varier de plusieurs centaines de mètres à plusieurs kilomètres.

Ces points peuvent être des constructions humaines (châteaux, églises, tours, mégalithes, etc.) ou bien des points remarquables dans le paysage : éperons rocheux, collines, montagnes…

La qualité et la quantité d’information qui peut circuler entre les géores dépendent notamment de la qualité de connexion entre les points.
En géobiologie, on déconseille de construire un habitat situé sur une telle ligne.

Les mégalithes vus d’en haut : un «sacré» décollage.

Les récents outils mis à notre disposition (GPS, photos aériennes) nous aident à observer d’un peu plus près certaines propriétés liées aux mégalithes, singularités difficilement observables, il y a tout juste 20 à 30 ans.
Aujourd’hui, depuis chez soi avec un ordinateur, il est maintenant possible de mesurer avec une grande précision les distances et angles qui séparent les mégalithes entre eux.

Il y a peu, nous pensions ces pierres plantées pour elles-mêmes, autonomes, isolées.
Même si sur de nombreux sites mégalithiques, ces pierres semblent parfois regroupées, elles sont généralement distantes de plusieurs centaines de mètres.
Vu d’en haut, les points des mégalithes forment sur la carte comme des petites constellations, de 2, 3 étoiles et parfois plus.

À y regarder de plus près, avec les outils de mesures, des connexions entre certains mégalithes apparaissent. Étonnamment, ce sont des figures géométriques qui émergent sur un plan horizontal. Carré, double carré, triple carré… parfois quintuple carré s’expriment sur des distances variables allant de quelques centaines de mètres à parfois plus d’un kilomètre, et ce, sur tout type de topographie.

On note que cette géométrie est principalement orientée sur les points cardinaux, pouvant être Nord/Sud comme Est/ouest.
Cette géométrie (à la différence du quadrilatère solsticial) n’est pas à proprement parler en relation avec les astres.

Souvent ces mégalithes vont seulement ponctuer deux des quatre angles qui composent ces figures. Par exemple, le segment qui relie deux dolmens formera la diagonale d’un carré ou autre multiple. Ces points explicitent la figure géométrique : les côtés sont sous-tendus par les méridiens nord/sud et les parallèles Est/ouest passant par ces points.
À ce jour, on ne peut prouver si d’autres mégalithes complétaient les dessins.

Il n’est pas possible aujourd’hui de connaître la technique utilisée il y a 6000 ans pour exécuter une telle prouesse. Au débat des méthodes utilisées pour déplacer de telles pierres si lourdes, s’ajoute aujourd’hui la question de la précision du positionnement des mégalithes entre eux.
Nous pouvons aujourd’hui seulement constater les faits.

Une mise au carré

Plus près de nous, ce concept de trame à base de quadrilatères sera utilisé plus tard à petite échelle pour la construction de bâtiments dits sacrés, comme les temples grecs par exemple. À plus grande échelle, ce sont des villes qui seront bâties en ce sens avec la centuriation chez les Romains, le plan orthonormé des bastides dans le Sud-ouest en France, ou bien lors de la fondation des grandes villes aux États-Unis.

Pour chacun de ces exemples, c’est la trame orthogonale qui assoit l’ensemble des bâtiments.

En géobiologie, l’influence d’une forme géométrique sur le vivant est reconnue. En fonction de ses propriétés, elle peut calmer l’ambiance d’un lieu, ou au contraire la dynamiser.
Pour imager le propos, c’est un peu comme le pigment qui teintera une base en peinture pour en faire une couleur, ou bien comment une épice ajoutée en cuisine structurera un plat.

À travers les différentes techniques d’utilisation de cet art du tracé, le géobiologue est à même de rendre un lieu plus harmonieux avec le vivant. On retrouvera ces concepts sous la dénomination de géométrie dite “sacré”, ou bien encore “tracé régulateur” en architecture.

Une géométrie imbriquée dans le paysage : la trame de la civilisation mégalithique

L’approche géométrique des mégalithes peut paraître abstraite ou froide. Elle est pourtant contextualisée.
En Aveyron près du village de Bezonnes, on trouve deux dolmens séparés d’un peu plus d’un kilomètre chacun situés sur les extrémités d’une colline allongée. Aujourd’hui, reliant ces deux dolmens, un chemin suit toujours la ligne de crête, se superposant à une droite imaginaire passant par les deux dolmens.

En observant de plus près, on constate que ce segment constitue la diagonale d’un carré dont les côtés sont alignés par rapport aux directions cardinales.

Sur le même site de Bezonnes, il est possible de relever d’autres carrés, mais aussi des doubles ou bien triples carrés dont les orientations varient.

Cette approche de la géométrie qui colle au paysage témoigne du peuple mégalithique d’une grande sensibilité créatrice. Il y a l’idée de déposer une trame propre à la culture mégalithique dans un territoire sur de très grandes échelles. S’il s’agit de la conquête  d’une civilisation sur le continent européen, elle a toujours été réalisée en harmonie et dans le sens de ce que pouvait offrir le lieu. Elle doit inspirer les géobiologues.

En effet, la particularité de ces tracés mégalithiques réside à la fois dans leur grande échelle ainsi que dans leur grande simplicité. Ils reposent sur une économie d’emplacements à ponctuer tout en gérant des zones de plusieurs kilomètres carrés.

Ainsi, ces techniques de gestion de grands espaces en géobiologie peuvent être appliquées dans différentes situations notamment pour gérer des espaces plus grands qu’un terrain ou une simple habitation.

Lotissements mégalithiques

Dans le domaine des promoteurs, la création de nouveaux lotissements ou de nouvelles zones urbaines, le géobiologue peut aider à structurer les nouveaux projets par un travail qui reprendra l’idée des tracés régulateurs mégalithiques.

Ce tracé amènera de la cohérence et un “contenu” pour un habitat souvent dépourvu d’histoire.

Accompagné par un travail sur les orientations relatives aux astres, ce tracé prendra toute son épaisseur et aidera un habitat “hors-sol” à s’inscrire dans le paysage.
Cette intervention semble rendre la vie plus agréable aux habitants.

La pierre de concert avec le végétal à travers la géométrie.

Il n’y a pas que l’humain qui sera sensible à ces tracés : c’est tout le vivant qui pourra en bénéficier, animaux et végétaux compris.

En agriculture, il est possible de mettre de la cohérence sur l’ensemble des propriétés d’une exploitation en reliant des terres souvent éclatées sur de grandes distances.

Les interventions du géobiologue peuvent s’appliquer sur tout type d’agriculture : des parcelles dédiées aux pâturages pour les bêtes en passant par des champs de céréales, des vergers pour fruitiers jusqu’aux vignes pour la filière viticole.
Cette intervention semble rendre meilleure la production.

Enfin, pour dernier exemple, le géobiologue sera amené à intervenir dans le milieu industriel.
Les grandes usines sont généralement composées de plusieurs ensembles qui s’étalent sur de très grandes surfaces. Elles sont généralement  construites en dehors de l’espace urbain sur des espaces vierges.

Toujours à l’aide de cet art du lieu, le géobiologue peut être sollicité en amont lors de la conception du site pour homogénéiser le projet.
Il peut aussi intervenir a posteriori pour réguler ou dynamiser un site déjà existant.

Cette intervention semble faciliter la production et améliorer la vie des gens qui y travaillent.

Vers un véritable art.

En posant cette trame au sol, sur de grandes distances, le peuple mégalithique nous montre sa maîtrise de l’espace et par là même son appropriation du territoire.
Aujourd’hui, on peut considérer cet acte comme un geste architectural “primitif”, ou “premier”.
Ces constructions que l’on peut qualifier d’artistiques car à chaque fois réinventées, allient une maîtrise technique de la géométrie, avec une grande qualité d’expertise du lieu.
Ils prouvent ainsi leur attachement à l’Espace.

Avec la maîtrise des orientations liées au Cosmos, décrites dans un précédent article, le peuple mégalithique nous démontre qu’il maîtrise aussi le Temps.
Espace et Temps, se retrouvent incarnés par ces pierres qui jouent sur le plan Terre/Ciel.
À la croisée de ces différents axes nous retrouvons les êtres humains.

Demandons-nous comment pouvons-nous interagir avec ces lieux qui semblent jouer le rôle de passerelle.
Les restes d’ossements humains retrouvés par les archéologues nous montrent que ces monuments mégalithiques ont été considérés comme des lieux d’échanges métaphasique.
Traditionnellement, on confie l’usage de tels lieux à des personnes qui exercent une fonction particulière dans la société : Le chaman dans les peuples anciens, le druide chez les Celtes, le sorcier dans les tribus, les officiants dans les religions.

 

Benoît Blein

Pour citer cet article : Blein Benoît, « La géométrie des mégalithes», http://argemaformation.com/index.php/2020/08/21/la-geometrie-des-megalithes/, le 21 aout 2020.