Elle permet de s’alimenter, de parler, de traduire nos émotions et sentiments à travers moues et sourires. La bouche laisse passer l’air, mais héberge un écosystème qui nous protège… Indispensable et multifonctionnelle, la cavité buccale reste pourtant méconnue, ce qui explique notre maladresse face à la prévention et la prise en charge de ses maux.
@Dossier réalisé avec le concour de Nathalie Rigolet @ Alternative santé n°69
La cavité buccale comporte plusieurs éléments : en avant on trouve les lèvres, qui jouent un rôle important dans la parole, l’expression faciale, l’action de boire, etc. Et en arrière on distingue l’isthme du gosier et les tonsilles palatines – il existe plusieurs groupes de tonsilles dans la bouche et le nasopharynx, les plus connues étant les amygdales à cause de l’intervention largement pratiquée il y a encore quelques années consistant à les retirer. Elles appartiennent au système lymphatique et participent grandement à l’immunité en détectant la présence d’agents pathogènes entrant dans les systèmes digestifs et respiratoires, deux interfaces en contact avec des éléments extérieurs.
Ces tissus lymphoïdes, profondément sillonnés et peuplés d’un vaste microbiote qui épaule le travail de défense, peuvent « prélever » un échantillon de substance puis déclencher l’arrivée d’anticorps appropriés si nécessaire. Par ailleurs, sur le plancher buccal, la langue, qui paraît se poser, est un organe composé de 17 muscles. Elle est équipée de papilles gustatives, premiers pilotes du goût. Sa force permet la phonation, la déglutition et, bien sûr, la bonne mastication des aliments. Elle les redirige vers les côtés de la bouche, où les joues les rabattront à leur tour vers les dents qui servent à broyer, par opposition à celles qui découpent, placées en avant. La langue est capable d’une pression si intense qu’elle peut faire bouger les dents – c’est un facteur principal de récidive en orthodontie.
L’écume des jours
Complétons cette vision anatomique très générale par des éléments minutieux : les canaux excréteurs des glandes salivaires, par lesquels arrive la salive. En humidifiant les muqueuses, celle-ci facilite le glissement des organes buccaux les uns sur les autres, prévient les infections, protège l’œsophage et participe à la digestion. Son élaboration est en deux phases. Formée, au départ, dans les cellules acineuses, elle a la même composition que le plasma, puis elle est modifiée dans le canal excréteur, dont les cellules produisent divers minéraux alcalins (surtout potassium et bicarbonate). Secrétée à raison d’un litre à un litre et demi par jour, la salive est constituée de 99 % d’eau, mais moins concentrée en ions que le plasma sanguin. Ainsi, elle procure à la bouche un milieu plus alcalin (pH de 6,5 à 7,4), qui sera influencé par certaines situations tant en quantité qu’en qualité – cela déterminant le type d’habitants de la bouche et les conditions favorables à l’activation d’enzymes. D’ailleurs, le bouche/dans-la-bouche-aussi-les-bacteries-font-la-loi » target= »_blank »>microbiote oral est principalement constitué de bactéries (800 espèces sur la muqueuse buccale, 1 300 entre les gencives et les dents et un millier au niveau de la plaque dentaire).
Stress et immunité
La production de salive est contrôlée par le système nerveux autonome, qui régule les fonctions du corps selon les besoins avec comme objectif archaïque la survie. Il pourra ainsi déclencher une série d’adaptations permettant tantôt réparation et assimilation (dont la salivation), tantôt la fuite et l’attaque (« eustress » ou bon stress). Paradoxalement, trop de stress peut dérégler ce système et provoquer une hypersalivation.
On trouve dans la salive une substance nommée défensine dont le taux augmente quand il y a une lésion sur la muqueuse buccale – par exemple, si l’on s’est mordu la joue ou la langue en mangeant, et que cela a créé une petite plaie, porte d’entrée potentielle pour des agents infectieux. La défensine joue un rôle bactériostatique en inhibant le développement microbien et fait office de cytokine immunitaire, c’est-à-dire qu’elle attire dans les tissus de la muqueuse des cellules immunitaires pour contrer un intrus entré par la lésion. Il arriverait alors dans un milieu déjà mis en alerte, ce qui diminuerait fortement ses chances de progresser. Une fois la plaie cicatrisée, le taux de défensine dans la salive redescend… jusqu’à la fois suivante.
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