Ils traquent ondes et courants dans les élevages ….
Géobiologie en agriculture : le guide (très) pratique.
Éditions France Agricole. Luc LEROY & Stéphane DEMÉE
Lignes électriques, antennes, éoliennes : les nouvelles technologies viennent perturber les animaux. Deux spécialistes signent un guide très pratique, avec l’apport de vingt-sept experts
Mammites pour les vaches laitières, agressivité pour les porcs : tous les éleveurs le savent, les courants faibles peuvent perturber les animaux. Mais allez trouver la mauvaise prise de terre ! D’autant qu’il n’y a pas que les courants électriques. Avec les nouvelles technologies, les champs magnétiques, les antennes de téléphonie, les éoliennes, etc., les sources de désordres possibles se multiplient.
Le phénomène a d’ailleurs pris de l’ampleur, avec la sécheresse de cet été. Pour aider les éleveurs, deux géobiologues viennent de cosigner un guide pratique. Preuve de l’intérêt porté par les professionnels à leur démarche, leurs conférences ont rencontré un large succès au Space, le Salon international des productions animales qui vient de se tenir à Rennes (Ille-et-Vilaine).
Ondes, vibrations silencieuses…
On a tous en tête l’image du sourcier, avec sa baguette de coudrier : la géobiologie se pratique depuis toujours de manière empirique. Mais elle est en passe de devenir une science dure : « Nous allons avoir prochainement un code APE (activité principale exercée) pour notre profession, qui deviendra réglementée, ce qui va permettre d’y faire un peu le ménage », précise Stéphane Demée, électricien de formation.
Avec son compère Luc Leroy, agronome, ils travaillent dans les élevages bretons depuis plus de vingt ans. Ils y dressent des diagnostics, établissent des cartographies très précises du sous-sol, etc.
Dans leur guide, ils livrent tous leurs « trucs et combines pour bien dresser le protocole de recherche ». Ce qui est tout sauf simple. Pour les épauler, Stéphane et Luc ont formé un groupe de travail d’une trentaine de personnes : une douzaine de géobiologues professionnels comme eux, mais aussi deux vétérinaires, des techniciens, contrôleurs laitiers, etc. Leur ouvrage est d’ailleurs collectif : vingt-sept experts y ont apporté leurs contributions.
En Bretagne, Stéphane et Luc travaillent presque exclusivement à la demande d’organismes professionnels, souvent pour les services du contrôle laitier. Ces derniers scrutent en permanence la quantité de lait produit par chacune des vaches des élevages, ainsi que leurs taux de matière grasse et de protéines.
Ils interviennent également pour le compte d’entreprises qui équipent les élevages : où bien positionner les robots de traite et avec quelle prise de terre ? Où implanter de futures éoliennes, qui peuvent perdre des courants au sol et « transmettre des vibrations silencieuses. Si elles sont captées par un cours d’eau souterrain, ces vibrations peuvent affecter à distance un élevage. »
Autre sujet, celui des lignes électriques à haute et très haute tension (THT). « Ce n’est pas polémique : on sait très bien comment prévenir et blinder un bâtiment d’élevage. »
Multiplication d’antennes
Ce qui devient beaucoup plus embêtant, c’est la multiplication des antennes de téléphonie mobile ou de relais WiFi et Bluetooth à l’intérieur de l’exploitation elle-même : « Contrairement à la THT, qui émet des ondes à basse fréquence, de l’ordre de 50 Hz, les nouvelles technologies de communication émettent des micro-ondes à très hautes fréquences : 900 MHz et bientôt 8 GHz avec la téléphonie 5G, explique Stéphane. Mais, là aussi, il y a des solutions pour bien agencer son exploitation. »
D’où une question, évidente : si tout cela perturbe les animaux, qu’en est-il pour l’être humain ? « Il y a eu beaucoup d’études, plus ou moins décriées. » Mais reste que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a émis de nombreuses recommandations de prudence, surtout pour la téléphonie et la WiFi.
Article Ouest France
Sylvie BAIKRICH est une géobiologue spécialisée en élévage agricole téléphone 06 31 33 94 56