La communication est essentielle en temps de crise. « Le pouvoir scientifique et politique ont imposé à la société ce qui était interdit ou autorisé. Je plaide pour une autre vision de la communication. Nous sommes intelligents. La valeur de la communication est essentielle. On a du mépris pour l’information et la communication, et pourtant on les déteste » explique Dominique Wolton, sociologue, directeur de recherche au CNRS, directeur de la revue Hermès.
On oppose souvent à la communication la manipulation. « On utilise la plupart du temps la communication pour influencer l’autre. Ce mot qui est celui du partage, est devenu celui de la méfiance. La communication, c’est le désir d’entrer en contact avec l’autre. La communication est un processus continu, qui consiste à admettre que l’autre ne nous ressemble pas » ajoute-t-il.
LA COMMUNICATION HUMAINE SUPÉRIEURE À LA COMMUNICATION TECHNIQUE
La parole mise en avant par lepolitique fut celle des scientifiques pendant la crise. « C’est une vraie question. Dans la mesure où le discours politique est en crise, le discours qui monte est celui de l’expert, du scientifique. Si on veut sauver le modèle démocratique, il faut comprendre que la politique est toujours supérieure à la science. On ne peut jamais réduire une personne à une logique d’information, mais toujours essayer de comprendre la logique de l’incommunication : à savoir que l’on ne se comprend pas » lance le sociologue.
« La communication humaine est supérieure à la communication technique. Pourtant la communication humaine est difficile. Cela fait des années que la communication technique est supérieure à la communication humaine. Durant le confinement, la seule chose dont nous rêvions, c’était de communication humaine. Ce n’est pas parce que l’on ne se comprend pas, que la communication humaine est inférieure à la communication technique » conclut Dominique Wolton.
RESUME
L’Europe n’est pas un rêve dépassé au bilan décevant. Non, elle n’est pas déclassée par le glissement des pouvoirs vers une Asie toute-puissante. Elle reste la plus grande aventure pacifique et démocratique de l’Histoire. Réussir à faire cohabiter plus de 500 millions d’individus divisés par d’innombrables contentieux, avec 27 nationalités différentes et parlant plus d’une vingtaine de langues, et ce depuis soixante ans, n’est pas une réussite négligeable. Mais comment cela est-il possible ? C’est que les membres de l’UE persévèrent dans le dialogue, malgré les contentieux, les désaccords et les tensions, grâce à ce que Dominique Wolton nomme l’« incommunication ». Et c’est bien là que réside toute sa force, et son avenir. Directeur de recherche au CNRS en sciences de la communication, fervent défenseur de la démocratie, Dominique Wolton est l’un des plus grands spécialistes français des médias, de l’espace public et de la communication publique. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages remarqués, notamment Communiquer, c’est vivre (entretiens avec Arnaud Benedetti, Le Cherche-midi, 2016) et Politique et société, rencontres avec le Pape François (Le Livre de poche, 2018)