Compteurs Linky : Corinne Lepage appelle « les pouvoirs publics à faire les études qu’il y a à faire » pour sortir des polémiques

Pour l’ancienne ministre de l’environnement, interrogée dimanche sur Europe 1, le manque de données scientifiques sur le compteur Linky et un éventuel impact sur la santé justifie la mise en place d’un moratoire.

Deux décisions de justice contradictoires ont été rendues dans la même semaine sur le compteur Linky, qui fait face à l’opposition de nombreux consommateurs. Si le tribunal de Tours a accepté le 30 juillet les demandes de 13 particuliers opposés à sa pose ou réclamant son retrait au nom d’un possible impact sur la santé, le tribunal de Nanterre a refusé le 2 août quelque 430 demandes similaires.

« On est sur des sujets totalement nouveaux. Il y a très peu d’études d’impacts pour des pathologies existantes, pour les gens hypersensibles, hypertendus ou diabétiques », relève au micro de François Geffrier, sur Europe 1, l’ex-ministre de l’environnement Corinne Lepage qui explique ainsi les atermoiements des tribunaux d’une juridiction à l’autre. « Nanterre a estimé qu’il n’y a avait pas assez d’études pour considérer qu’il y a un péril imminent, quand Tours considère que le risque l’emporte sur le reste. »

En conséquence, cette avocate demande un moratoire sur la pose des compteurs. Elle appelle également le gouvernement à se saisir du sujet, pour apporter des informations scientifiquement étayées, et susceptibles de mettre fin, dans un sens ou dans l’autre, aux nombreuses polémiques qui entourent ce compteur connecté installé par Enedis. « Les pouvoirs publics : faites les études qu’il y a à faire ! Il n’y a que comme ça que l’on peut en sortir », enjoint-elle.

Corinne Lepage rappelle ainsi que, concernant les lignes à haute-tension, « la science a mis 40 ans pour établir qu’il y avait un vrai problème ». Désormais, les ondes électromagnétiques sont classées comme possiblement cancérigènes par l’Organisation mondiale de la santé. De son côté, Enedis dément la présence d’ondes dans son compteur, et assure que la transmission des données passe par les câbles. « Il y a des ondes, de très faible fréquence, mais il y en a », martèle Corinne Lepage, qui évoque des « impulsions plusieurs fois par heure ».

« Le compteur Linky ne donne pas d’avantage aux consommateurs »

Elle conteste également l’utilité de ce boîtier vert fluo. « Il faut que celui qui court un risque en retire un avantage. En l’état, le compteur Linky ne donne pas d’avantage aux consommateurs, parce qu’il ne leur permet pas de mesurer à tout moment leur consommation et donc de la baisser », dénonce-t-elle. Car, « sans un logiciel supplémentaire qu’il faut acheter, les compteurs ne permettent pas de rendre ce service. »

Quelque 35 millions de compteurs doivent être déployés d’ici 2021, alors que partout en France les techniciens d’Enedis font face à la grogne de nombreux particuliers. « La révolte est très profonde », assure Corinne Lepage. « Je suis impressionnée de voir le nombre de gens révoltés par cette histoire des compteurs Linky. »

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